Durant l'entre-deux-guerres, des hommes de lettres français et italiens, écrivains ou universitaires, tissent de vastes réseaux supranationaux et paradiplomatiques, en faveur d'une entente durable entre leurs pays, au nom de la "latinité". De leurs actions et de leurs idées, que des personnalités influentes, à l'instar de Pierre de Nolhac, ou des institutions font vivre, il résulte un cosmopolitisme nouveau que l'on peut qualifier de "latin". Hantés par le déclin, tous rejettent l'hégémonie germanique sur le continent européen qu'ils assimilent, depuis Bismarck, au désir de l'Allemagne d'éviter une entente "naturelle" entre la France et l'Italie et la suprématie des puissances issues de l'Empire romain. En outre, cet espace supranational qu'ils constituent n'est jamais un renoncement à la culture nationale mais, au contraire, la possibilité de la régénérer par l'esprit latin.