Au cours des années trente, la notion de cosmopolitisme a rencontré l'opposition d'une part importante du milieu intellectuel européen. Cela n'est pas dû au hasard. En effet, l'année 1929 inaugurait une période d'interdépendance globale qui, tout en marquant pour la première fois la fin d'un ordre eurocentrique, imposait une nouvelle épreuve aux Européens, qui avaient pris l'habitude, depuis trois siècles, d'exercer leur domination sur le monde. Face à cette secousse, qui causait aussi la crise de l'identité européenne, certains voyaient dans le fascisme la seule option qui garantît une possible palingenèse du Vieux Continent, en évitant ainsi le danger d'une nouvelle société mondiale où l'Europe n'aurait joué aucun rôle impérial ou de domination. La nouvelle perspective hiérarchique du fascisme permettait en particulier de repousser toute revendication d'égalité entre les peuples et les individus du monde. L'étude des idées sur l'Europe élaborées par Asvero Gravelli, Pierre Drieu la Rochelle et Carl Schmitt tout au long des années trente, analyse les aspects saillants de ce débat.