Cette présentation veut décrire une situation qui fait contre-poind par rapport à la problèmatique de ce colloque. En effet, chez les Kulung, ce n’est pas la mort collective qui pose problème, mais au contraire la mort trop singulière produite par la malemort. Si la mort est collective, elle ne peut relever de la malemort. Ces morts deviendront des ancêtres, et leur singularité ira se fondre dans cette masse anonyme et bénéfique que forme la communauté des ancêtres. Le mort, en tant que devra être oublié et ne fera pas véritablement l’objet d’un traitement commémoratif. En contraste, les mauvais morts se caractérisent par leur singularité, qui nait de leur frustration, de leur rancœur. Figure inverse des ancêtres, qui dispense la fertilité, le mauvais mort est porteur de stérilité, et de malheur. Le mauvais mort reste d’autant plus dans les mémoires s’il se met à causer des maux. Il impliquera ainsi qu’on lui rende un culte. C’est alors que son pouvoir de nuisance peut se retrouver bénéfiquement canaliser par la société. On montrera alors comment les morts, chez les Kulung, font de la politique, de manière différente selon qu’il s’agisse d’ancêtre ou de mauvais mort, ces derniers dispensant un pouvoir singularisant, à la source du prestige et la capacité d’agir dans le groupe.