L'article vise à explorer deux dimensions d’une réduction « objectale » du cinéma : d’une part, on s’interroge sur l’objet filmique, sa matérialité, ses différentes versions, sa restauration numérique ; de l’autre, on questionne le regard anthropique de la caméra en tant qu’objet culturel, sa capacité paradoxale d’objectiver seulement de mises en scène (sociales ou fictionnelles). L’origine technologique et donc anthropique du cinéma n’a pas empêché aux réalisateurs d’explorer les possibilités énonciatives pour exhiber un vide intentionnel du regard et pour présenter un « désert » de l’image. Bien au-delà de l’attestation référentielle, le cinéma a participé à une « poétique » de l’objet qui a hanté la modernité.