ENREGISTREMENT SÉDIMENTAIRE DE LA SUBDUCTION D’ASPÉRITÉS SUR LA MARGE ACTIVE D’EQUATEUR
Résumé
La croissance de la chaine côtière en Equateur est largement la conséquence de la subduction de
la ride de Carnegie (400 km de long, 2 km d’altitude) débutée voilà au moins c.1,5 Ma. Cette chaine
a dévié les flux sédimentaires issus des Andes, sous alimentant la fosse et le plan de subduction.
L’origine, le calendrier, l’amplitude et la distribution latérale des soulèvements liés à la déformation
active qui contrôle les principales routes sédimentaires sont aujourd’hui toujours en débat. Les
forçages tectoniques à grande échelle, aussi bien que la topographie locale de la plaque subductante
notamment, contrôlent la distribution des zones en érosion et en dépôt, la localisation des zones de
glissements lents et de blocages et donc l’aléa tel que l’occurrence des tremblements de terre.
Le but de cette étude est d’analyser la signature sédimentaire de la subduction d’aspérités topographiques
au toit de la ride de Carnegie au large de l’Equateur, au cours du Pléistocène. Pour cela,
nous avons interprété des données sismiques haute résolution (50-450 Hz), multitraces (72 traces) et
monotraces (sparker), des données de sondeur de sédiment (CHIRP), de bathymétrie multifaisceau et
de carottes de sédiment acquises pendant la campagne ATACAMES qui s’est déroulée sur l’Atalante
en 2012.
Les résultats montrent un enregistrement complet et détaillé des dix dernières séquences à 100ka
déposées sur le plateau et le haut de la pente continentale. Ces séquences sismiques sont validées et
datées par corrélation aux données de carottes, aux affleurements côtiers et aux terrasses marines des
formations Canoa et Tablazos. Les variations du niveau de la mer exprimées dans ces séquences, lors des
derniers 0,7 Ma, se corrèlent bien avec la courbe des changements de volumes de glace et des températures
d’eaux profondes (18O) de Lisiecki and Raymo (2005) pointant un strict contrôle de la
préservation des séquences par les variations climatiques. Toutefois, la reconstitution de la subsidence
du substratum acoustique du plateau continental par “backstripping” montre une déformation
complexe avec des zones en subsidence et d’autres en soulèvement, évoluant dans le temps.
Les données de morpho-bathymétrie, de sismique multitrace et profonde montrent des indices
forts de subduction de monts sous-marins sous le plateau continental. De plus, sous l’Ile de la Plata,
les données GPS indiquent un couplage interplaque important, avec le potentiel de générer un puissant
tremblement de terre, qui se superpose à l’image sismique d’un mont sous-marin. Les caractéristiques
de la déformation du plateau continental sont consistantes avec la forme du mont sous-marin. Nous
avons donc testé l’hypothèse d’un lien entre la déformation et la subduction d’une aspérité et
comparé la subduction progressive d’un mont sous-marin avec la reconstitution palinspastique de la
déformation du plateau continental au cours du dernier Ma. Cette comparaison montre que la
collision a probablement commencé voilà c. 500 000 ans avec la sédimentation syntectonique et a cessé
voilà c. 50 000 ans avec le scellement par les sédiments de la déformation sur la plateforme