Dans les célèbres traités d’Alberti ou de Dolce, la répétition dans les œuvres peintes est très mal considérée. Plus encore, elle est perçue comme une maladresse de la part du peintre, voire comme une preuve de sa médiocrité : ce sont la variété et la diversité [varietas rerum] qui sont préférées à la similitude [repetitio rerum]. C’est une toute autre hypothèse que je défends dans cet article, en considérant que le transfert d’une formule iconographique d’un personnage à un autre est un moyen plastique qui induit un surplus de sens pour le spectateur. En effet, grâce à la répétition invariable des mêmes formules iconographiques, les images qui racontent la vie de Jésus Christ sont facilement identifiables par le spectateur. Plus précisément, c’est l’assimilation de la Vierge à Jésus qui fait l’objet de la réflexion : grâce à l’utilisation, pour la mère, de formules conventionnellement employées pour le fils, les souffrances de l’une deviennent équivalentes à celles de l’autre, ce qui rend visuellement tangible la conception de la Vierge Marie comme co-rédemptrice de l’humanité.