Impact de la restriction et de l'hygiène de logement sur le microbiote du porc en croissance.
Résumé
La santé en élevage porcin est un enjeu important qui s'appuie depuis plusieurs décennies sur
l'utilisation fréquente d'antibiotiques. L'apparition de pathogènes multi-résistants remet en cause cette
utilisation quasi-systématique d'antibiotiques, et trouver des conditions d'élevage permettant de limiter
le recours à ces molécules est aujourd'hui un enjeu de santé publique.
La restriction calorique permet de préserver la santé chez certaines espèces en augmentant leur
résistance face aux infections (Gidenne et al ., 2012). Nous avons évalué son potentiel pour orienter le
microbiote du porc vers un état plus résistant à des conditions d'hygiène dégradées. Pour cela, 80
porcs âgés de deux mois ont été répartis dans un schéma 2x2 pour tester deux niveaux alimentaires (
Ad libitum et restriction à 60% de l’AL) et deux niveaux sanitaires (Propre et Sale). L’impact sur
l’animal du modèle d'hygiène dégradée a été vérifié en évaluant la réponse inflammatoire (haptoglobine
plasmatique) et la teneur en lymphocytes (Le Floc’h et al 2013). Le GMQ (gain moyen quotidien), la
digestibilité de l'azote et l'indice de consommation ont été mesurés individuellement. La composition
bactérienne fécale a été étudiée par pyroséquençage ADN de la petite sous-unité ribosomique 16S.
Au bout de 37 jours de restriction alimentaire et 30 jours d’exposition à l’environnement dégradé, la
composition du microbiote diffère dans chaque traitement (figure)(p<0.005). La restriction induit
notamment une modification de l'abondance de certains phylotypes apparentés aux familles
Clostridiaceae , Rikenellaceae et Prevotellaceae . La restriction induit également une meilleure
digestibilité de l'azote (+2 %). Cependant lorsqu'ils sont placés en conditions d'hygiène dégradées, les
porcs restreints ont une augmentation du taux d'haptoglobine et du nombre granulocytesde (+60%)
similaire aux porcs nourris à volonté. La restriction n'améliore donc pas la résistance des porcs à des
conditions d'hygiène dégradées. Il serait intéressant d'essayer de cultiver les phylotypes bactériens
favorisés par la restriction alimentaire afin de mettre en évidence une relation causale entre ces
phylotypes et la digestibilité de l'azote par une inoculation directe