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Communication Dans Un Congrès Année : 2007

Le tourisme de croisière, élément refondateur des urbanités antillaises

Résumé

Depuis les années 1980, la croisière connaît un essor remarquable. On comptait ainsi 200 000 croisiéristes en 1950, plus de 6 millions dans les années 1990 et 20 millions en 2004. La Caraïbe domine la scène avec 13,5 millions d’entre eux, devant la Méditerranée, la Mer Noire et distance largement les petites zones de croisière : la Terre de Feu, la Scandinavie, l’Alaska ou la Polynésie.L’organisation de la croisière dans la Caraïbe est marquée par la spécialisation en port d’escale ou en tête de ligne (Port Canaveral, Tampa, Fort Lauderdale et San Juan de Puerto Rico). Miami domine l’ensemble et assure le transit de près de 10 millions de passagers. Les destinations les plus fréquentées restent les îles du Nord de l’archipel ainsi que les rivages du golfe du Mexique (La Nouvelle-Orléans, Cancun ou Nassau aux Bahamas, qui accueille 3 millions de passagers). Les gigantesques paquebots accostent dans ces grandes villes mais aussi dans les modestes capitales insulaires des Petites-Antilles, de sorte que leurs passagers peuvent modifier le temps de quelques heures la sociologie des quartiers portuaires. Au contraire, la croisière en Méditerranée repose sur des agglomérations importantes disposées en réseau à la fois escale et tête de ligne. Elles accueillent entre 150 000 et 300 000 croisiéristes (250 000 à Barcelone, Venise, Les Baléares, Marseille, 180 000 à Nice, Naples, Tunis), des passagers qui se fondent dans des quartiers déjà dynamiques.La croisière a créé des lieux précis dans le temps et l’espace, des quais, des rues, une dynamique à laquelle répondent parfois les villes comme Vigo, Marseille ou Bordeaux, qui réinvestissent les fronts de mer et y trouvent les fondements de leur urbanité maritime. On remarque aussi cette convergence dans les Petites-Antilles. En janvier, trois paquebots débarquent chaque jour près de 6 000 croisiéristes dans les rues de Castries, de Bridgetown ou de Pointe-à-Pitre. Certains choisissent la découverte de l’île en taxi, mais les deux-tiers d’entre eux arpentent les rues par petits groupes d’un monument à l’autre, du magasin de parfums au marché aux épices. L’escale et la ville, une association de rêve vantée sur toutes les gammes par les catalogues spécialisés : « la beauté de la mer s’allie à la joie du shopping et à la découverte de la ville », « la Martinique, l’île aux fleurs, allie parfum, culture et cuisine française », « la ville pleine d’histoire de San-Juan », « les boutiques colorées de Charlotte Amélie ». Pourtant la fracture est souvent profonde entre le premier enthousiasme des croisiéristes et l’accueil dans le port de commerce ou devant des fronts de mer désaffectés et la froideur de certains commerçants et insulaires.Si dans un premier temps la population antillaise était relativement indifférente, les politiques urbaines tentent aujourd’hui d’organiser les cheminements et les dépenses. De véritables quartiers de la croisière apparaissent avec ses lieux, ses pratiques sociales et urbaines. Les attitudes de la population des lieux face au tourisme et aux touristes se transforment. Un temps du quartier, un rythme journalier voire annuel permettent d’identifier mais d’intégrer ce quartier touristique au reste de la ville. Depuis la fin des années 1980, trois types d’acteurs interagissent : les croisiéristes, les politiques et aménageurs et enfin les populations locales. La présence et l’action des deux premiers n’entraînent-elles pas la transformation du mode de vie des habitants du quartier et le regard porté sur l’autre ? Si dans un premier temps, croisiéristes et Antillais se croisent sans vraiment communiquer, depuis quelques années les uns et les autres animent ensemble les quartiers de la croisière.

Domaines

Géographie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01203482 , version 1 (23-09-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01203482 , version 1

Citer

Michel Desse. Le tourisme de croisière, élément refondateur des urbanités antillaises. Les mondes urbains du tourisme, 2008, Paris, France. pp.270-283. ⟨hal-01203482⟩
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