En juin 2011, un projet de lotissement sur la commune de Houppeville a donné lieu à une opération de diagnostic (réalisée par David Breton, Inrap). Elle a révélé la présence de deux pôles de vestiges funéraires, datés de la fin de l'époque gauloise et de l'Antiquité et associés à quelques éléments de parcellaire. Une fouille a donc été prescrite et réalisée durant le mois de novembre 2011. Deux zones ont été décapées, sur une superficie totale d'environ 2 500 m². Cette fouille n'a pas permis de découvrir d'autres vestiges funéraires mais a fourni un certain nombre d'informations sur l'environnement des sépultures. Au sud-ouest, un petit ensemble de trois crémations avait été mis au jour lors du diagnostic, et daté de la fin de La Tène. Quelques tronçons de fossés avaient aussi été repérés, laissant supposer l'existence d'un petit enclos autour des crémations. Ces dernières avaient livré un mobilier céramique et métallique, et notamment les fragments d'une épée ployée, attestant de l'existence d'une tombe à armes. La fouille, réalisée sur une fenêtre d'un peu moins de 2 000 m², n'a pas permis la découverte d'autres crémations mais a donné une vision plus claire des éléments fossoyés environnants. D'une part l'existence d'un petit enclos funéraire enserrant les trois crémations est confirmée. Il s'organise selon un plan « en U » ouvert vers l'est. D'autre part, trois fossés plus larges semblent se rattacher à un parcellaire peu dense, qui suit la même orientation que celle de l'enclos. Ces fossés n'ont livré que peu de mobilier (une douzaine de tessons de céramique). Ils permettent cependant de dater le comblement de ce parcellaire entre La Tène C2/D1 et La Tène D2, voire l'époque augustéenne. Cette opération de fouille a aussi permis de compléter les études réalisées lors du diagnostic sur les restes osseux et le mobilier issu des sépultures à crémation. La sépulture 5 avait livré, outre une épée dans son fourreau, un amas de mobilier métallique pris dans une gangue de terre. Ce dernier a pu être radiographié et fouillé, et il a livré un fer de lance ainsi que les restes d'un umbo de bouclier et d'un mors de bride. Le tout témoigne vraisemblablement d'une tombe de cavalier. Les deux autres sépultures (structures 17 et 18) ont livré un mobilier plus restreint, constitué d'une à deux céramiques par dépôt, ainsi que d'une fibule et de quelques éléments en fer indéterminés. Les restes osseux témoignent de la crémation de trois adultes et d'un immature, dont les ossements ont été triés soigneusement sur le bûcher (absence totale de résidus de crémation dans les dépôts) avant d'être inhumés en vase. Le poids des restes est variable mais atteste dans tous les cas d'une collecte non exhaustive. Ce petit ensemble est un témoin supplémentaire de la pluralité des gestes liés aux pratiques funéraires de l'époque, et il s'agit vraisemblablement d'un espace funéraire ponctuel regroupant quelques membres d'une communauté rurale. En 2008, la fouille de la « Rue de la Voie Maline » avait mis en évidence un habitat chronologiquement contemporain de l'ensemble funéraire décrit ici, et localisé à moins de 400 m au sud (fouille D. Breton, Inrap). Nous sommes donc vraisemblablement en présence d'un petit ensemble de crémations dépendant d'un habitat voisin et inséré dans une zone peu dense du parcellaire attenant. Ces caractères, ainsi que la présence d'une tombe à armes, permettent de rapprocher le site de Houppeville de plusieurs découvertes du même type réalisées ces dernières années dans la région, sur les sites de « La Mare des Mares » à Saint-Vigor d'Ymonville, « Les Monts Trottins » à Fontaine-La-Mallet ou encore « Le Four à Chaux » à Saint-Aubin-Routot. Ces quelques exemples montrent l'existence (en l'état de la recherche) d'ensembles funéraires de taille assez petite, disséminés en campagne aux abords d'établissements ruraux (attestés ou supposés). Quelques cas livrent des tombes au caractère guerrier, qui peuvent se comparer à la sépulture n°5 découverte à Houppeville. Ces tombes à armes se retrouvent aussi au sein d'ensembles funéraires plus vastes, tel que celui de « Route de Darnétal » au Mesnil-Esnard. Au nord-est, ce sont cinq crémations antiques qui avaient été mises au jour lors du diagnostic. Elles ont été datées des IIe-IIIe siècles de notre ère et étaient installées le long d'un fossé comblé vers la fin du Ier ou au début du IIe siècle. Trois des crémations comprenaient une amphore, qui tenait lieu de contenant aux urnes funéraires en verre ou en céramique. Ces dernières étaient accompagnées de céramiques ou de verreries, ainsi que dans un cas d'éléments de tabletterie (sépulture 20). Les ossements humains, appartenant à trois adultes et à deux jeunes individus, étaient parfois mêlés à des restes de faune, eux aussi brûlés. Aucun résidu de crémation n'a été retrouvé au sein des différents dépôts, et le poids des restes osseux est variable mais toujours assez faible. Ces données indiquent un tri soigneux et une collecte partielle des ossements sur le bûcher. Le tout constitue un lot peu commun, de par les associations de mobilier et la qualité de la verrerie notamment. Sur cette zone, la fouille a concerné environ 500 m² et n'a livré quasiment aucun vestige supplémentaire (seuls deux fosses et un trou de poteau ont été mis en évidence le long du fossé). L'orientation du fossé correspond à celle des éléments parcellaires mis en évidence sur la zone sud-ouest, elle permet d'envisager une continuité du parcellaire sur le site entre le dernier siècle avant notre ère et les deux ou trois premiers siècles de notre ère. Ce petit ensemble funéraire ouvert pose la question de l'habitat correspondant, probablement localisé dans les environs, bien qu'aucun indice archéologique ne permette de l'affirmer. Ces sépultures constituent vraisemblablement l'espace funéraire d'un petit groupe social relativement aisé, comme en témoigne la qualité des verreries déposées dans les tombes. Les pratiques funéraires mise en œuvre à Houppeville peuvent être rapprochées notamment de celles observées à Isneauville/Saint-Martin-du-Vivier « La Plaine de la Ronce » (fouille Y.-M. Adrian, Inrap, 2010), avec cependant quelques variations propres à l'époque gallo-romaine et à ses rites complexes. Les données issues de ces opérations « Rue Paul Langevin », couplées aux résultats des opérations précédentes « Rue de la Voie Maline », suggèrent une occupation continue sur la zone entre La Tène C2/D1 et le IIIe siècle de notre ère. On peut en effet envisager l'existence sur toute cette période d'un système parcellaire au sein duquel l'habitat se serait déplacé au fil du temps (seul celui de la fin de La Tène est actuellement connu) et qui aurait vu l'installation de plusieurs pôles funéraires (que l'on peut imaginer plus nombreux que les deux actuellement connus). Ces vestiges s'inscrivent donc pleinement dans les schémas actuellement développés sur le thème des occupations laténiennes et antiques des plateaux nord de Rouen : ceux-ci envisagent la présence relativement dense de petites exploitations agricoles accompagnées d'ensembles funéraires de taille variable et attestant de gestes funéraires diversifiés.