Réduire les pesticides pour augmenter les populations de vers de terre dans les champs cultivés
Résumé
L’intensification des pratiques agricole a conduit à une réduction de la biodiversité du sol dans les zones cultivées. Les bénéfices potentiels de l’agriculture biologique et des systèmes à bas niveaux d’intrants sur les organismes du sol n’ont pas été évalués de manière précise. Les vers de terre, qui remplissent des fonctions agroécologiques importantes, peuvent être affectés par les applications de pesticides, principalement les espèces qui vivent dans les couches superficielles du sol.
A partir d’une base de données expérimentales sur 5 années incluant des systèmes de culture conduits en agriculture conventionnelle et d’autres conduits en agriculture biologique, nous avons établi une relation statistique simple entre l’Indice de Fréquence de Traitements (IFT) phytosanitaires – un indicateur de pression en pesticides – et l’abondance de trois espèces de vers de terre communes en Europe. Celles-ci vivent en contact plus ou moins étroit avec la surface du sol et sont donc potentiellement exposées de manière différente aux pesticides. Les trois espèces de vers de terre appartiennent à des groupes fonctionnels différents et sont impliquées dans la décomposition de la matière organique de surface et l’évolution de la structure du sol.
Les résultats montrent que les insecticides ont des effets négatifs plus marqués sur les espèces de vers de terre étudiées que les herbicides et les fongicides. Par ailleurs, les espèces qui vivent le plus en contact avec la surface du sol sont les plus affectées par les pesticides. La densité de ces espèces pourraient être multiplies par 1,5 à 4 si l’IFT était divisé par deux, comme le prévoit le plan Ecophyto 2018. Nos résultats montrent qu’une réduction de l’utilisation des pesticides augmenterait les densités de populations de vers de terre dans les champs cultivés.