Du labour au non-labour : pratiques, innovations et enjeux au Sud et au Nord
Résumé
In a colloquium devoted to the history and practice of ploughing, this paper paradoxically focuses on zero-tillage, and, more generally, practices that come under the heading of conservation agriculture. It illustrates the fact that no-tillage based cropping systems associated in many cases with permanent soil cover have been and are
today developed and applied on a large scale by farmers in both developed and developing countries, in diverse contexts.
Starting with traditional systems such as slash and mulch, we examine development of these practices in various contexts: family-based agriculture in developing countries and “modern” intensive, mechanised agricultures in emerging and industrialized countries. We thus propose to explore, although not exhaustively, various agronomic and socio-historical conditions that accompanied their conception and application. We emphasize the renewal of interest in these systems since the 1960s, their agronomic characteristics and the dynamics of innovation processes involved: temporal dimension, role and functioning of dedicated participants’ networks, learning dynamics.
We then propose a sociological examination of the current impacts of this innovation on French farmers since the late 1990s in the context of a zero-tillage “movement”: the process of identify transformation, developments in relations between farmers and nature and between farmers and scientists. Finally, we discuss perspectives for the place of
conservation agriculture in light of the principles of sustainability of agricultural systems within a constantly changing economic, energetic and environmental context.
Au sein d'un colloque sur l'histoire et la pratique du travail du sol, cette communication porte paradoxalement sur le non-labour, et plus
généralement sur les pratiques que l'on regroupe sous le vocable d'agriculture de conservation. Son but est d'illustrer le fait que des systèmes
de culture excluant le labour et associant souvent une couverture permanente du sol ont été et sont aujourd'hui développés et mis en oeuvre à grande
échelle par des agriculteurs du Sud comme du Nord, dans des contextes variés.
Partant des systèmes traditionnels de type slash and mulch, nous nous intéressons au développement de ces pratiques dans différents contextes :
agricultures familiales des pays en développement, et agricultures « modernes » intensives et motorisées des pays émergents et industrialisés.
Nous nous proposons ainsi d'explorer de manière non-exhaustive différentes conditions agronomiques et socio-historiques qui ont présidé à leur
conception et mise en oeuvre. Nous insistons plus particulièrement sur le renouveau de l'intérêt porté à ces systèmes depuis les années 60, sur leurs
caractéristiques agronomiques, et sur la dynamique des processus d'innovation s'y rapportant : dimensions temporelles, rôle et fonctionnement
des réseaux d'acteurs engagés, dynamiques d'apprentissage. Nous proposons ensuite de porter un regard sociologique sur les impacts
actuels de cette innovation chez les agriculteurs français depuis la fin des années 90, au sein d'un « mouvement » du non-labour : processus de
recomposition identitaire, évolution des rapports entre agriculteurs et nature, entre agriculteurs et science. Il s'agit enfin d'aborder de manière prospective
la place de l'agriculture de conservation au regard des principes de durabilité des systèmes agricoles, au coeur d'un contexte économique, énergétique et
environnemental en pleine mutation.