Après 60 ans de départementalisation, les sociétés martiniquaise, guadeloupéenne et guyanaise ont largement évolué, passant d’un modèle basé sur la plantation à des sociétés fortement tertiarisées. Durant cette période marquée par la décolonisation en Afrique comme au sein de la Caraïbe, les Départements Français d’Amérique bénéficient dans un premier temps du statut de département puis d’une certaine décentralisation dans le cadre régional. Ainsi durant toute cette période, le rapport à l’identité a évolué. Cette dernière peut être définie à partir de certains critères déterminants comme l’origine commune, la langue, la culture, la religion, la psychologie collective, le lien à un territoire mais aussi au travers des représentations que les individus se font de la réalité sociale et de ses divisions. Après le temps de la revendication identitaire, les Départements Français d’Amérique glissent progressivement vers une identité de compromis reposant sur la langue créole et sur une histoire marquée par l’esclavage, la plantation, l’Afrique, d’une part, et l’appartenance à une identité empreinte de culture citadine internationale d’autre part. Dans ces départements polyethniques la revendication identitaire pourrait pousser à l’éclatement voire à l’affrontement ; heureusement dans le cas présent, l’identité est consensuelle et transcende la société. Les classes moyennes ont beaucoup œuvré pour porter les revendications identitaires et permettre à ces sociétés mosaïques de se construire. La majorité des actifs appartient aujourd’hui aux classes moyennes ; sont-ils pour autant toujours des « maïeuteurs » identitaires ?