JUIF ET HOMOSEXUEL, INVISIBILITÉ OU AFFIRMATION IDENTITAIRE ?
Résumé
martine groSS cnrS, cEiFr, paris « des juifs homosexuels ? il n'y en a pas chez nous » c'est ce que s'entend répondre une sociologue qui cherchait à rencontrer des responsables au consistoire israélite pour les questionner sur ce qu'il en est des juifs homosexuels. l'homosexualité est condamnée par la loi juive, c'est une abomination disent les versets (18,22 et 20, 13) du lévitique. les différents courants du judaïsme interprètent cette loi avec plus ou moins de souplesse. pour le judaïsme orthodoxe, même s'il n'est pas question d'exclure une personne de la communauté à cause de son homosexualité et qu'un ensemble de rabbins orthodoxes aux états-unis a émis une déclaration de principes 1 prônant la bien-veillance à l'égard des juifs homosexuels, les pratiques homosexuelles n'en sont pas moins condamnées comme une violation grave de la loi juive. on pourrait donc s'attendre à une mise à distance de l'identité juive, compte tenu de l'incompatibilité apparente entre ces deux dimensions identitaires. pourtant, l'existence depuis plus de 30 ans d'une association de juifs homosexuels en France, le Beit Haverim vient contredire cette intuition. invisibles pour les responsables du consistoire, le sont-ils pour leurs familles et leurs proches ? S'ils fréquentent une synagogue, leur orientation sexuelle y est-elle connue ? comment définissent-ils leur judaïsme ? comment vivent-ils leur atta-chement au judaïsme ?