On peut établir sans aucun doute un parallèle entre le retard sémiotique dans les développements d’études diachroniques et la stérilité des recherches sur l’évolution des formes dans l’histoire de l’art. D’une part, la tradition prometteuse établie par Wölfflin, Focillon, Kubler, etc. a été réduite à une reprise des catégories très générales et, paradoxalement, achroniques (l’idée d’une « pensée » artistique devrait suggérer en revanche qui il y a aussi des reconceptualisations, en empêchant ainsi des remarques diachroniques seulement formalistes) ; de l’autre, l’urgence de différencier des mouvements artistiques sous l’égide d’opérations de marketing culturel a substitué la véritable comparaison entre des formes ou des styles avec une guerre d’étiquettes. La fibrillation des nouveautés va de pair avec la sensation d’une stagnation (« À l’Ouest, rien de nouveau ») pendant que le postmodernisme a construit à travers le supermarché des styles une prolifération des directions de recherche « équivalentes » qui empêchent de reconstruire un « état de l’art ». L’exigence d’une cartographie des formes esthétiques en évolution peut montrer encore aujourd’hui l’actualité du comparatisme et la centralité de la sémiotique ; toutefois, il faudrait (i) formuler mieux les rapports entre formes et normes, (ii) sortir des modèles canoniques pour enquêter les transformations des organisations narratives, (iii) explorer la diachronie des formes de vie où les variations des systèmes vont de pair avec la transformation des relations avec la sémiosphère, (iv) substituer aux hypothèses d’homologie entre les formes exprimées par les domaines sociaux des modèles qui cherchent de détecter les tensions et les paradoxes internes aux cultures. L’idée fondamentale est l’adoption d’une perspective sémiotique qui vise à décrire comment les cultures se différencient dans les temps pour leur manière de résoudre en manière nouvelle des paradoxes internes qui ne pourront jamais être résolus définitivement. Les formes artistiques semblent être l’exemplification dramatisée et emphatisée des paradoxes enfouis dans les procédures institutionnalisées des domaines sociaux.