Tout enseignant désire que ses élèves soient « autonomes ». Pourtant, cette recherche de l’autonomie place l’enseignant devant nombre de paradoxes et de tensions, tant la signification du mot est parfois confuse. Peut-on exiger de quelqu’un qu’il soit autonome ? Le désir inconscient des adultes n’est-il pas d’avoir affaire à des élèves autonomes qui se conformeraient au désir du maître ? Cependant, le bon maître, dit le proverbe chinois, est celui qui accepte d’être « tué » par son élève. Fait douloureux pour tout enseignant. Diverses enquêtes internationales montrent souvent que les élèves français manquent de confiance en eux-mêmes, ce qui explique certainement leur peu de goût pour entreprendre. Comment construire pour tous cette capacité à agir ? La réponse n’est pas simple. Ce chapitre, comme les précédents, dessine une voie particulière : elle refuse tout autant la « normalisation » que le laisser-faire libéral qui laisse seulement certains parvenir à leurs fins. Il y a deux façons de considérer la question de l’autonomie : enseigner la conformité ou au contraire inciter l’élève à trouver sa voie personnelle… C’est l’exigence fondamentale qu’exprime la Commission européenne dans une note de 2004 (programme de formation 2010) : les systèmes éducatifs ont à favoriser « l’épanouissement personnel et le développement tout au long de la vie (capital culturel) : les compétences clés doivent permettre de poursuivre dans la vie des objectifs individuels, motivés par des intérêts et des aspirations personnels, et par le désir de continuer à apprendre durant toute la vie.