Le corps dans la poésie d’Adonis n’est pas une image rendue sous forme versifiée ou une métaphore. Il est présenté comme une forme-sujet en train de se dire. Ce que j’appelle « l’en-vers du corps » désigne notamment la manière par laquelle le sujet s’invente dans et à travers le corps et qui n’est saisissable que par le poème. En d’autres termes, l’envers du corps désigne la transformation du sujet dans le poème et n’est lisible qu’à travers la continuité du symbole : un redoublement infini du signe. Cette façon de sentir et de faire exister le corps m’amène à considérer le poème comme un acte éthique : dans les poèmes d’Adonis, le sujet ne pourrait pas se libérer sans une mise en résonance des corps (c’est-à-dire physique, astral, psychologique, etc.) et un équilibre harmonieux entre eux. Le poème-musique se présente comme une sorte de talisman aux vertus cachées. Il crée un « style d’être et d’existence » (Adonis) nécessaire à l’invention du sujet. Cette poésie se caractérise par une disponibilité heuristique et talismanique du corps. Il s’agit donc d’étudier le corps dans l’un des recueils de poèmes d’Adonis, Commencement du corps fin de l’océan (2003) pour démontrer l’enjeu fondamental de la poésie dans la libération de soi et la création d’une nouvelle historicité.