Le jeune lord de vingt-quater ans qui publie les deux premiers chants de Childe Harold's Pilgrimage est depuis longtemps revenu de tout. Le nobliau arrogant qui, un peu plus de deux années auparavant, avait quitté l'Angletere "sans regret" tout en se promettant d'y revenir "sans plaisir" cachait sous un masque de cynisme affecté un narcissisme blessé et une ambition littéraire déçue. Se premiers poèmes, les Fugitive Pieces publiés à compte d'auteur, puis expurgés pour devenir les Hours of Idleness avaient été reçus, dans la Edinburgh Review, en des termes si acerbes qu'ils ne laissaient plus à leur auteur humilié d'autre recours que la fureur. Déclarant, bien à contre-temps, exécrer le romantisme, Byron avait rétorqué par une satire à la mode augustéenne, qui avait jadis été celle d'Alexander Pope. English Bards & Scottish Reviewers, manière de duel littéraire contre d'anonymes moulins critiques, fut surtout le prélude à un départ en voyage radical.