L’article rend compte d’une étude visant à comprendre comment l’expérience corporelle peut fonder l’adhésion du sujet à des systèmes de croyances. Le rôle des sensations immanentes à l’action sont plus particulièrement explorées, ainsi que la façon dont elles s’articulent à la croyance en l’existence d’entités supra sensibles. Dans l’étude de cas proposée, il s’agit précisément de la correspondance établie par les participants entre des sensations corporelles éprouvées au cours de la pratique d’un art martial (le Kiryuho) et une forme d’énergie (le Ki) dont l’existence est postulée par le maître qui prescrit les exercices. Les résultats de l’étude montrent que les comptes rendus d’expérience des participants plaident pour un mode de validation de la croyance qui est à la fois sociale (l’expérience est prescrite par un maître) et inscrite dans la profondeur de la motricité. Le rôle cognitif de cette dernière est ainsi souligné, notamment par le caractère intentionnel pleinement reconnu aux kinesthèses.