Modernité réflexive et travail social : de quel double statut le travailleur social est-il sujet? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2008

Modernité réflexive et travail social : de quel double statut le travailleur social est-il sujet?

Résumé

La métamorphose de la modernité a montré l’aboutissement de la modernité « limitée » (A. Touraine) , au milieu du vingtième siècle. La seconde modernité est une « modernité réflexive » (A. Giddens). Elle est réflexive par l’importance de la dimension cognitive dans nos actions. Le contrôle réflexif de nos agissements est corrélé à un élargissement continu l’autonomie personnelle et aux effets rétroactifs de cet élargissement. On est passé à un ordre social de subjectivation, de construction continue des subjectivités. La réflexivité est désormais au centre des logiques institutionnelles. L’injonction à se réaliser, le questionnement des assignations sociales, la logique de subjectivation et le contrôle cognitif de nos actes traduisent la mutation de la modernité. On est dès lors condamné au réexamen continu de nos jugements et de nos pratiques en fonction du retour sur soi de nouvelles informations. La logique de subjectivation a touché la matrice relationnelle de l’intervention sociale, notamment dans le traitement de la pauvreté. Ainsi, la modernité réflexive a produit une modification de l’engagement professionnel. L’expression « engagement » est à prendre dans son acception sociologique ordinaire de « trajectoire d’activités cohérentes » enchâssée dans un « système de valeurs » et avec un enjeu sous-jacent (H. Becker). Désormais, l’engagement de l’intervenant social est double. Un « engagement sensible » côtoie dès lors « l’engagement normatif ». L’engagement normatif se traduit par la mobilisation dans l’action du travailleur du social des schèmes de loyauté, de volonté et de responsabilité. L’ « engagement sensible » introduit une attention personnelle portée à la difficulté d’autrui. Il renouvelle l’accomplissement de l’intervention sociale. D’extérieur, dans les années cinquante, le rôle professionnel est désormais réflexif. La conception fonctionnaliste précédente d’un rôle défini par le règlement et le statut laisse la place à une construction subjective et douloureuse d’une mission incertaine et à maintes contradictions de statut. Le rôle est désormais autoréférentialisé et reste à élaborer. C’est, en effet, à la personne elle-même, en composant avec les règles, de définir, dans les méandres de sa subjectivité, l’essentiel de son système de jugement. C’est aussi à la personne -derrière la posture professionnelle- d’en éprouver subjectivement les contradictions. Nous pensons que les dilemmes subjectifs qui ressortissent à ce double engagement sont l’effet de cette mutation culturelle. La dynamique de l’individualisation, après avoir ébranlé la classe sociale et la famille, guette désormais la profession sociale et le mandat exercé par l‘agent.

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01111868 , version 1 (31-01-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01111868 , version 1

Citer

Gérard Goulu. Modernité réflexive et travail social : de quel double statut le travailleur social est-il sujet?. Changement de société, changements dans le travail social, Société Suisse de Travail Social, Haute Ecole Sociale, Lucerne, Mar 2008, Lucerne, Suisse. ⟨hal-01111868⟩
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