Au XVIIe siècle, la vie administrative et religieuse à bord des flottes espagnoles de l’Atlantique et du Pacifique maintient un lien fondamental entre l’Espagne et ses nouveaux royaumes. En mer, loin des autorités terrestres, marins, soldats et passagers ne sont pas abandonnés. Greffiers, chapelains et missionnaires jésuites offrent un encadrement social et religieux rassurant. Pourtant, le voyage océanique est souvent passé sous silence et l’on ignore le déroulement de la vie en mer aussi bien en ce qui concerne les pratiques sociales que religieuses. Les missionnaires jésuites jouent à ce propos un rôle fondamental. Alors qu’ils entreprennent une traversée pour évangéliser les nouvelles terres ou s’implanter durablement en Amérique et aux Philippines, ils mettent en place, dès les premiers instants de la navigation, les méthodes d’évangélisation connues dans les missions de l’intérieur et préparent sur ce nouveau terrain d’expérimentation qu’est le navire, leurs nouvelles méthodes d’évangélisation (marins, passagers et esclaves font l’objet de leur attention, et sermons, prières et confession générales se mettent en place et s’adaptent en fonction de ces différents publics). Le voyage en mer, et son expérience particulière face aux dangers de l’océan, offre de plus aux missionnaires la possibilité de rassurer les équipages en proposant le patronage de saints jésuites les protégeant le temps d’une navigation difficile. Nous montrerons comment Saint François Xavier devient ainsi le saint patron des gens de mer dans l’océan Pacifique. Son invocation et son patronage témoigneront alors de cette évangélisation jésuite des confins maritimes autrefois abandonnés aux forces démoniaques. Comment s’organisent les journées maritimes placées sous le signe des missions jésuites ? Comment le monde du merveilleux et la sacralisation des espaces océaniques participent-ils de la conquête spirituelle chrétienne des confins du monde et de l’espace maritime ? Cette étude répondra à ces interrogations.