La tablette et la torche: mémoire, composition et performance oratoire dans la rhétorique romaine
Résumé
Cet article s’inscrit dans le projet d’étude comparatiste des pratiques intellectuelles mené à bien par le GDRI Les Mondes lettrés de 2004 à 2008, et qui a abouti au programme éditorial des Lieux de savoir. Il représente ma seconde contribution au projet, et porte sur la mémoire-outil telle que la conçoit la tradition rhétorique latine. En me fondant sur la Rhétorique à Herennius, le De oratore et l’Institution oratoire, j’utilise la doctrine rhétorique pour approcher les pratiques de rétention oratoire dans leur dimension la plus concrète (méthode de notation, d’apprentissage, de stockage), et rapproche les différentes conceptions anciennes (conception objectiviste de la mémoire comme élément extérieur à soi, comme support de conservation, comme activité de récupération) et les métaphores qui les accompagnent (tablette, trésor, torche…) des formalisations récentes proposées par les sciences cognitives (mémoire implicite, mémoire de travail…). Ces usages et ces représentations de la memoria permettent de donner une image précise des procédés de composition et d’improvisation aux 1ers siècles av. et ap. J.-C.