Art de l'entre-deux : le MéPIC au service de la reconversion portuaire de Caen
Résumé
Du 27 juin au 27 octobre 2013 s’est tenu le Musée éclaté de la presqu’île de Caen, une exposition d’art contemporain hors les murs organisée par l’école supérieure d’arts et médias Caen/Cherbourg. 15 artistes invités par 15 institutions culturelles de Basse, de Haute Normandie et d’Île-de-France ont créé des œuvres revisitant le thème de l’eau chez les impressionnistes. Ces œuvres étaient présentées dans des conteneurs répartis dans 15 communes de la basse vallée de l’Orne comprises entre Caen et la mer.Recrutée en tant que coordinatrice scientifique de la manifestation, j’analyse la manière dont cette exposition, a priori éloignée des préoccupations territoriales, s’inscrit au cœur du programme de reconversion portuaire de Caen. Depuis la naissance du projet jusqu’à ses retombées symboliques en passant par son dispositif, l’ensemble de l’exposition est marquée par les enjeux économiques nés de la désindustrialisation du port de Caen et du foncier disponible qu’il laisse derrière lui : volonté politique d’attractivité territoriale, élaboration d’un « pôle culturel », projet d’aménagement d’une plateforme conteneur, lien avec le grand Paris, valorisation balnéaire, redéfinition identitaire de la région caennaise sont autant de questions urbanistiques qui traversent le Musée éclaté, contribuant à donner à la manifestation, voire aux œuvres, leur forme particulière. À travers cet exemple, c’est également le nouveau rôle dévolu à la culture et à l’art dans les procédés de reconversion portuaire que cet article se propose d’interroger. Caen mise sur le culturel pour rebondir et remédier à un déficit de représentation, comme Nantes avec Estuaire ou Lille et Marseille capitales européennes de la culture.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)