Cet article examine la manière dont un évaluateur produit des jugements évaluatifs sur une pratique dynamique et complexe et il questionne la place des attributions spontanées de valeur dans une évaluation instituée. Le travail empirique se centre sur la supervision d'arbitres de rugby telle qu'elle se déroule pendant un match. Il identifie quatre modalités de construction d'évaluations locales et deux ordres d'évaluation globale, l'un fondé sur l'appréciation de jugements évaluatifs locaux, l'autre sur la mobilisation d'indicateurs posés a priori. Le superviseur intègre la dynamique de la pratique dans celle de son évaluation : il laisse certains jugements locaux en suspens et construit des jugements globaux prenant en charge des jugements antécédents. Si l'évaluation s'élabore à partir d'attributions spontanées de valeur, celles-ci sont explicitées, inscrites dans des délibérations et mises à l'épreuve d'indicateurs.