Mycosphaerella graminicola : même les hyperactifs sexuels ont parfois besoin d'un bon entremetteur
Résumé
La forme sexuée de Mycosphaerella graminicola, champignon hétérothalique responsable de la septoriose du blé, a seulement été décrite dans les années 70. Les ascospores, libérées à partir de périthèces portés par les résidus de culture infectés, constituent la principale source d'inoculum primaire1. Nos travaux visent à comprendre les facteurs influençant le commencement des épidémies2, leur récurrence pluriannuelle, et la façon dont les populations pathogènes locales s'adaptent aux variations de leur environnement à court terme (dynamiques adaptatives saisonnières3). Les déterminants de la phase clonale (dynamique épidémique printanière dommageable à la culture) ont largement été étudiés : par exemple, réponse à la température4, effet de la pluie sur la dispersion des spores, impact de l'architecture du couvert. Ces travaux impliquent des contaminations par la forme asexuée (ou " levure ") de M. graminicola, facilement cultivé in vitro. La phase sexuée, quoique largement impliquée dans la récurrence des épidémies, les changements populationnels (brassage génétique) et vraisemblablement les dynamiques adaptatives, n'a été que peu étudiée faute d'approches expérimentales accessibles : le croisement de deux isolats, non maîtrisé en conditions contrôlées, constitue un verrou méthodologique. Ce verrou semble désormais levé : une expérimentation a conduit au succès de 24 croisements (sur 28) d'isolats de référence (composantes de fitness caractérisées5). Ce résultat ouvre des perspectives intéressantes aux " entremetteurs " que nous sommes désormais capables d'être, notamment pour mener des travaux d'épidémiologie quantitative (nécessitant la production importante d'ascospores) ou étudier les bases génétiques de l'agressivité de M. graminicola. Centrée sur des aspects pratiques (méthodologie expérimentale), cette présentation illustre, par des allerretour entre question de recherche et conception de dispositifs expérimentaux permettant d'y répondre, les perspectives qu'ouvrent la maitrise de la reproduction sexuée. Alors que l'existence de dynamiques adaptatives saisonnières a été établie localement3, la question de l'existence d'un trade-off entre phases de reproduction (les individus les plus agressifs sélectionnés sur leur fitness pendant l'épidémie seraient contre-sélectionnés à l'échelle interannuelle), reste ouverte : doit-on seulement invoquer un effet Allee local (isolement physique post-sélection limitant le contact avec un partenaire sexuel) ou également un tradeoff sensu stricto (capacité à la multiplication clonale compensée par une capacité moindre à la reproduction sexuée) ?
Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
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