La multitude des modèles explicatifs hétérogènes déployés par Goffman pour envisager l’ordre de l’interaction plonge les commentateurs dans l’embarras : Goffman est-il un individualiste ou un holiste méthodologique, un interactionniste symbolique proche d’Herbert Blumer ou un fonctionnaliste dans la lignée de Talcott Parsons ? Nous examinons les deux paradigmes les plus souvent invoqués à l’appui d’une posture individualiste, la métaphore théâtrale et la théorie des jeux, pour préciser son épistémologie que nous qualifions de « situationniste ». Ils permettent, l’un et l’autre, de dégager la structure de l’ordre de l’interaction en faisant intervenir en arrière-plan la notion de situation. Mais si ces deux dispositifs sont irréductibles à l’individualisme méthodologique, ils ne relèvent pas non plus d’un holisme simpliste : la situation ordonne, contraint ou encore agence, mais jamais de manière mécanique.