L'exercice du mandat représentatif place les élus dans des jeux de dépendance particulièrement forts. Malgré l'autonomie reconnue aux représentants, ceux-ci sont fortement incités à défendre les dossiers les plus favorables à leurs électeurs et/ou aux groupes organisés dont le soutien peut renforcer leur chance de réélection. C'est au niveau du territoire que s'exprime avec le plus d'intensité le jeu de la dépendance, non seulement parce que c'est là que les élus sont les plus sollicités par les électeurs, mais aussi parce que les associations, groupes de citoyens, lobbies et syndicats n'ont jamais autant d'influence que lorsqu'ils interviennent au niveau de la circonscription, là où les élus tirent les ressources les plus durables pour se maintenir au pouvoir (réseaux de clientèles, fidélités politiques, soutiens financiers, liens avec la presse, etc.). L'article analyse les conditions par lesquelles les élus se transforment en "passeurs" entre leur circonscription et l'assemblée où ils siègent. Le travail des élus se poursuit ainsi hors des enceintes d'assemblée, dans la circonscription, où ils tentent de mettre à profit leur mandat pour intercéder auprès des acteurs du territoire, tenter d'orienter des projets publics dans un sens conforme à leurs intérêts et, in fine, renforcer leur position élective.