Situé à l'intersection de la sociolinguistique et de la théorisation grammaticale, cet article examine de possibles rapprochements entre des approches empiriques du discours des "non-natifs" ("non-native discourse") et l'explication théorique offerte par la grammaire de construction. Selon les modèles basés sur l'usage de la grammaire de construction (Goldberg; Croft), la variation, l'émergence de nouvelles constructions et leur grammaticalisation sont des phénomènes centrales et même des constructions non-standards sont prises en considération au sein de ce modèle (Bybee ; Hoffmann ; Gries). De la même manière, le discours des "non-natifs" pourrait être analysé avec le formalisme descriptif de la grammaire de construction, ce que j'essaie de montrer avec des exemples tirés de l'anglais comme lingua franca parlé (Seidlhofer). Cependant, comme il s'agit de formes essentiellement dynamiques et instables et comme le modèle actuel n'est pas assez élaboré pour une conceptualisation de variations ad hoc, je mets finalement en doute la possibilité de représenter ces formes en tant que constructions (dans le sens constructionnelle).