Si l’on évoque souvent les décès causés par les accidents, on parle moins souvent des handicaps qui affectent de nombreuses victimes survivantes, et particulièrement jamais des handicaps "invisibles". Le blessé grave est essentiellement défini par la gravité initiale des lésions sans tenir compte de la réalité des conséquences postérieures. La cohorte ESPARR, par un suivi à moyen et long terme de 1372 accidentés, permet d’étudier les suites fonctionnelles, sociales, et familiales des accidents. Chaque suivi permet de décrire les conséquences observées (déficience, incapacité), d’identifier les facteurs pronostiques de handicap, de réinsertion sociale et professionnelle difficile. En particulier, le suivi spécifique des sujets sévèrement traumatisés et de leur famille, ou des traumatisés crâniens, permet de mieux préciser le type de séquelles (troubles cognitifs et comportementaux), à l’origine d’importantes difficultés de réinsertion et de resocialisation. Du fait de son caractère unique, la cohorte ESPARR constitue un soutien scientifique fondamental pour définir des mesures concrètes et adaptées : il est en effet important que la connaissance prenne plus de place dans les décisions politiques. Notre suivi confirme le fait qu’un accident de la route même peu grave n’est jamais un évènement anodin. Un an après, l’accident a encore un fort impact sur la vie quotidienne, les loisirs ; il perturbe l’activité professionnelle. Les victimes sont encore nombreuses à souffrir de douleurs, et de difficultés affectives et sociales. Le stress post-traumatique est un élément particulièrement majorant du retentissement sur la vie quotidienne. Les accidents peuvent laisser des séquelles graves et durables qui influent sur la vie des familles. Pourtant, l’appréciation par les blessés de leur qualité de vie un an après l’accident est relativement positive. Nos résultats sont utiles pour guider la prévention dans le meilleur environnement possible. Les résultats d’ESPARR ont fait l’objet de plusieurs publications dans les meilleures revues scientifiques du domaine. Par ailleurs, des communications dans divers congrès, nationaux ou internationaux, ont été réalisées. Enfin, un colloque organisé autour de l’étude ESPARR a permis de croiser les regards sur les résultats d’ESPARR et le vécu de divers spécialistes dans leur pratique quotidienne auprès des victimes d’accidents. Une thèse de Sciences a été soutenue et un post-doctorat est en cours sur les données de l’étude ESPARR.