Dans l'étude qui va suivre, on se propose de mettre en exergue le champ d'application d'une loi phonétique innovante, découverte voici une trentaine d'années par Frederik Kortlandt, et injustement méconnue. Elle concerne le caractère singulier des occlusives sonores du proto-indo-européen /d/, qu'on peut se représenter comme le produit d'une ancienne éjective ou glottalisée /Tʔ/. L'auteur a entrevu que la laryngale contenue dans ce phonème complexe se maintenait seule en cas de groupe de consonnes trop complexes. Malheureusement, le champ d'application qu'il a ouvert pour cette loi s'est trouvé borné dans un domaine trop étroit, par le titre-même de sa contribution, qui semblait associer la théorie des consonnes pré-glottalisées à la petite famille des noms de nombres en grec. Il y a là une orientation épistémologique sans doute regretable, car nul ne s'est avisé que cette loi opère dans d'autres pans du lexique et de la morphologie indo-européenne. C'est donc pour rendre justice à l'étendue insoupçonnée de l'effet-Kortlandt que nous proposons cette étude.