La notion de vulnérabilité s'applique non seulement aux individus, mais encore aux sociétés et aux contextes. L'humain se trouve objectivé, observé comme objet. Un objet parmi tant d'autres. Car le terme de vulnérabilités est employé aussi bien pour traiter des systèmes informatiques, des réseaux financiers, des malades mentaux, des personnes handicapées, ou les enfants mineurs isolés. L'humain se voit ainsi dépouillé de son essence même. Plus encore, en l'absence d'une macro fracture de référence permettant de comprendre la société dans son ensemble, il est noyé dans une multitude de micro fractures qui s'entrecroisent, s'amoncellent, s'entrechoquent, s'entretiennent. Un fétu de paille dans un monde d'incertitudes. Incertitudes qui foisonnent dans un univers réticulaire, dont les territoires tant virtuels que réels se découvrent à chaque instant plus interconnectés, plus interdépendants, plus vulnérables donc aux aléas et aux attaques. Incertitudes qui prolifèrent dans une dynamique cumulative, dont les victimes tant collectives qu'individuelles se retrouvent à chaque événement plus meurtries, plus éprouvées, plus vulnérables elles-aussi aux dénis et aux rejets.