Cette recherche porte sur la transmission interculturelle en danse africaine dans le cadre d'un projet artistique en école élémentaire. S'inscrivant dans une anthropologie cognitive située, elle étudie les actes de transmission in situ de pratiques musicales et dansées d'un danseur chorégraphe, Nabi C. Les participants étaient Nabi, expert dans l'enseignement de la danse africaine, et 35 élèves, dont neuf sourds et malentendants. La méthodologie croise des données d'observation et d'entretien d'explicitation. Les résultats montrent que l'activité de transmission de Nabi repose sur une exploitation de ressources contextuelles corporelles, symboliques et matérielles qu'il co-construit in situ avec les élèves dans le cours des interactions. Accordant au corps une place centrale, il co-construit ses actions avec celles des élèves sur la base de propriétés d'accountabilité qu'il fait émerger ; ce processus de visibilité mutuelle des actions corporelles et de partage d'émotions et de significations conduit à l'émergence d'une intelligibilité mutuelle, d'une intentionnalité collective et d'une coordination des actions en classe. L'activité collective ainsi créée, (i.e., l' " être ensemble ") apparaît à la fois comme le moyen et la finalité de cette expérience interculturelle. Les contenus transmis sont alors fortement liés aux modalités de leur transmission, notamment aux accounts. La production musicale et dansée révèle des traits d'interculturalité qui questionnent la notion de danse africaine.