Croire, savoir, se souvenir. Typologie des gestes de l'écrit dans l'univers régulier à l'époque moderne
Résumé
Les ordres religieux sont un terrain intéressant d'étude des pratiques de l'écrit à l'époque moderne, du fait de leur constitution en corps distinct dans l'espace social. Les autorités monastiques imposent par le haut une manière quotidienne de vivre l'écrit en milieu régulier afin de la faire coïncider avec l'observance des vœux, notamment la pauvreté et l'obéissance. La lecture et l'écriture font l'objet de tentatives d'uniformisation des gestes qui leur sont liés (appropriation matérielle, lieux et temps de la lecture, postures corporelles, rituels...). Ces discours sont déployés en fonction de la multiplicité des statuts individuels dans les sociétés monastiques : frère lai ou convers, novice, frère de chœur, prêtre, prédicateur, gardien, prieur ou abbé, autant d'états qui ne requièrent, à l'égard de l'écrit, ni les mêmes temps, ni les mêmes gestes, ni les mêmes compétences, ni les mêmes ambitions. L'écrit est un élément stratégique de la mise en place de l'orthodoxie, de l'orthopraxie et d'une mémoire commune à l'échelle de l'établissement, de la province et de l'ordre tout entier.