Comment l'artiste parle-t-il de son art ? Cette question s'avère d'autant plus pertinente quand les pratiques artistiques ne relèvent ni de l'art littéraire, ni des arts plastiques. En effet, d'une part, la langue, media de l'art littéraire, est reconnue comme le seul des systèmes sémiotiques à même d'être " interprété par lui-même " (Benveniste 1969 : 54), les autres systèmes devant recourir à sa médiation pour se décrire ; d'autre part, la vue comme canal prioritaire mobilisé dans les arts plastiques, qui produisent des créations perçues essentiellement par l'œil, exerce également sa " force formatrice " sur le monde (Goodman, 1990 : 119) : " Parler ne fabrique pas le monde ni même des images, mais paroles et images participent à la constitution les uns des autres et du monde, tels que nous les connaissons " (Goodman, op.cit. : 119). Notre article traite en effet des discours de créateurs dans des domaines de création artistique : l'art musical, l'art culinaire et l'art de la parfumerie, qui mobilisent prioritairement pour se réaliser des modalités sensorielles (ouïe, goût, odorat) aujourd'hui encore moins étudiées que la modalité visuelle.