Depuis quelques années, nous menons plusieurs expériences pluridisciplinaires dans différentes forêts des Alpes pour tenter d'en évaluer la naturalité du point de vue de l'écologie scientifique et de la perception des publics qui s'y promènent. Pour synthétiser quelques-uns des enseignements de ces travaux, nous proposons de considérer la naturalité comme une « forme » qu'il faut entendre à la fois comme un état objectif de la forêt mais aussi un état de notre relation envers elle et envers ceux avec qui nous formons un monde commun. Ces différentes dimensions sont parfaitement interdépendantes de telle sorte que les propriétés des êtres et des choses qui nous entourent ne doivent être conçues qu'en rapport avec le monde dans lequel nous les comprenons, en même temps que ce monde lui-même dépend des caractéristiques que nous donnons aux êtres et aux choses qui nous environnent.