La tempête Xynthia face à l'histoire que publient les éditions du Croît vif est en prise directe avec l'actualité. Un groupe de scientifiques et d'historiens a remis un rapport aux commissions parlementaire et sénatoriale constituées au lendemain du passage de la tempête Xynthia qui a ravagé le littoral atlantique fin février 2010. Sujet d'une brûlante actualité, ce livre met en perspective la tempête Xynthia et apporte un éclairage indispensable aux réflexions à chaud concernant cette catastrophe. En effet, médias et politiques évoquent souvent le caractère inédit et totalement imprévisible de ces événements sans autre forme de jugement. Qu'en est-il réellement ? L'équipe constituée autour d'Emmanuel Garnier, Frédéric Surville et Jacques Boucard, s'était précédemment penchée sur le journal de Jacob Lambertz, source inédite de données météorologiques et historiques au XVIIIe siècle, dans le bel ouvrage Climat et révolutions (Croît vif, 2010). Coïncidence : au moment où sortait ce livre qui cite quelques tempêtes majeures, Xynthia se déchaînait sur les côtes... D'où la constitution d'un groupe de travail historique spécialement orienté vers la recherche et l'analyse de ces phénomènes extrêmes. S'appuyant sur le Journal météorologique de Jacob Lambertz, également sur de multiples archives anciennes, témoignages et articles de presse, ainsi que sur des programmes de recherche publique (GIS Renasec, CLIMURBS, ministère de l'Écologie et CNRS), il en ressort ce livre qui analyse à l'aune du XXIe siècle plusieurs siècles d'événements climatiques (vimers, tsunamis et submersions principalement) et leurs conséquences sur les littoraux. Une approche des événements extrêmes qui privilégie les sciences humaines. De l'île de Ré à L'Aiguillon, de Châtelaillon à La Faute-sur-Mer, les auteurs parcourent ce territoire et interrogent la mémoire du bâti (digues, écluses, canaux...) et celle des hommes bien sûr et de leurs moyens de défense tels que les dispositifs d'alerte-prévention (tocsin, relais de communication, repères...). Et de porter le constat de la faible vulnérabilité humaine de ces communautés aux siècles précédents dont la perception encore réaliste du risque maritime est affranchie de tout sentiment de psychose collective, leur permettant une approche pragmatique d'un milieu nourricier pouvant devenir hostile. Autrement dit, les temps anciens étaient paradoxalement mieux outillés face au risque des tempêtes que ne l'est l'époque contemporaine ! Ce qui vaut pour les sociétés anciennes vaut-il pour nos sociétés contemporaines ? Les formes de résilience ou de rebondissement élaborées par les sociétés anciennes face à des accidents naturels extrêmes sont autant d'expériences à considérer à l'heure où les pouvoirs publics et les collectivités humaines littorales tentent de trouver les mesures de prévention à ces menaces. Les exemples et analyses présentés dans ce livre illustrent la nécessaire sauvegarde de la culture de la " conservation " qui se fonde sur la capacité des hommes à préserver et développer la mémoire de son propre héritage. L'ultime ambition d'une histoire des risques littoraux est une histoire qui voudrait évaluer les impacts des risques naturels pour déboucher sur la création d'outils d'aide à la décision dans le cadre de politiques globales de prévention et de gestion de crises futures. Ce livre est le fruit du travail du groupe Submersions constitué de plusieurs personnalités nationales et régionales, issues du monde universitaire, scientifique, historique... Philippe Bleuse, ingénieur météorologiste. - Jacques Boucard, ingénieur, docteur en histoire, coordinateur du groupe Submersions. - Olivier Caudron, archiviste-paléographe, conservateur général des bibliothèques, directeur de la bibliothèque universitaire de La Rochelle. - Sylvie Denis, directeur des archives municipales de La Rochelle. - Jérémy Desarthe, historien du climat, doctorant CEA; Laboratoire des sciences du climat de l'environnement (CEA-CNRS Saclay), CRHQ (UMR CNRS - université de Caen). - Marie Dussier, historienne de l'aménagement du territoire, doctorante - université de La Rochelle. - Emmanuel Garnier, historien du climat, maître de conférences HDR université de Caen, titulaire de la chaire senior "Histoire du climat et des extrêmes en Europe " de l'Institut universitaire de France, GIS Climat- Environnement-Société, co-organisateur du colloque," Les littoraux à l'heure des changements climatiques ", rapporteur de la contribution du groupe Submersions a' la commission parlementaire. - Thomas Gouriou, chercheur doctorant en géophysique UMR 6250 LIENS, université de La Rochelle - CNRS. - Albert-Michel Luc, docteur en histoire, auteur de Gens de Ré au XVIIIe siècle - Marins d'une terre, terriens de la mer. - Thierry Sauzeau, maître de conférences - université de Poitiers. - Frédéric Surville, coordinateur de la contribution et du groupe Submersions, co-organisateur du colloque " Les littoraux à l'heure des changements climatiques ". - Jacques Vialle, spécialiste en astronomie.