Des Vikings et des mots en Normandie : des « hôtes étrangers » bien intégrés
Résumé
Les Vikings, ou Normands comme on les appelait à l'origine dans les sources latines, sont des «hôtes surprise» par excellence... On ne les attendait pas, on ne les avait surtout pas «conviés» à venir attaquer l'Empire franc au cours du IXe siècle : dans un premier temps, pour y piller les richesses de ses monastères; dans un second, pour s'y installer. Pourtant, le roi de Francie occidentale Charles le Chauve, en leur octroyant en 911 de manière officielle une partie de l'ancienne Neustrie, les contraint à s'intégrer peu à peu à la société carolingienne, pour devenir plus tard les Normands de Normandie. Malgré tout, les Normands - puisque c'est ainsi qu'il convient de les nommer désormais - resteront longtemps des «hôtes étrangers», qui inspireront des sentiments largement contradictoires allant du rejet pur et simple à l'admiration en tant que héros envoyés par Dieu pour sauver la Neustrie. Ces sentiments extrêmes correspondent en fait à des phases bien précises de leur réception puis de leur acceptation par la population indigène, au milieu desquelles s'insère une période d'assimilation, que reflète le peu de mots qu'ils nous ont légués. Ces trois phases - le rejet (des «barbares» en terre chrétienne), l'assimilation (du «Normand étranger» au «Normand indigène»), la réhabilitation (des «hôtes providentiels» au service d'une identité) - constitueront l'articulation de notre étude.