Des monuments d'impermanence : postérité scientifique et vers reliques - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue TLE (Textes, Littérature, Enseignement) Année : 2009

Des monuments d'impermanence : postérité scientifique et vers reliques

Hugues Marchal
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 866977

Résumé

Delille or Chénier argue that the justification for, and innovation of, scientific poems is linked to their scientific contents: Lucretius' masterpiece should be rewritten because it no longer reflects any scientific truth. Yet, the long treatises in verse published between 1770 and 1820 also promise the scientists they celebrate immortality. On the one hand, the durability of the poem is indexed to an external reference: its value is provisional since it depends on the evolution of scientific knowledge. On the other hand, the poem purports to be self-sustaining enough to ensure the lasting fame of its scientists. What role did the tension between these rival conceptions of time and memory play in the erosion of scientific poetry? How does it figure within the poems, and what kinds of resolutions can it find? In confronting several poetic and theoretical texts, I show the acceleration of scientific knowledge aggravated the devaluation of the genre, but I also suggest that late scientific poets like Sully Prudhomme addressed this issue directly, trying to escape the risk of becoming obsolescent, as they shifted from a presentation of the discoveries to meditations on the emotions they experienced as they became familiar with recent innovations.
La poésie scientifique de Delille ou Chénier justifie son intérêt et sa novation par les contenus scientifiques qu'elle expose : il faut réécrire Lucrèce car la vérité scientifique a changé. Mais les longs traités en vers qui paraissent entre 1770 et 1820 promettent aussi l'immortalité aux savants qu'ils célèbrent. Dans le premier cas, la pérennité du poème est indexée sur une valeur externe, fixée par l'évolution des sciences ; dans le second cas, c'est le poème qui affirme assurer la pérennité du scientifique, de manière autonome. Cette tension entre deux régimes de mémoire ne doit-elle pas être rangée parmi les causes d'érosion du poème scientifique ? Comment apparaît-elle dans les textes eux-mêmes, et quelle résolution a-t-elle pu trouver ? À partir de différents exemples de poèmes et de discours théoriques, l'article montre l'impact de l'accélération du renouvellement des savoirs sur la dévalorisation du genre, et suggère que des poètes tardifs comme Sully Prudhomme ont cherché à répondre à ce risque de péremption en minorant graduellement l'exposé des connaissances, pour privilégier l'expression des émotions suscitées par leur réception.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00455272 , version 1 (10-02-2010)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00455272 , version 1

Citer

Hugues Marchal. Des monuments d'impermanence : postérité scientifique et vers reliques. TLE (Textes, Littérature, Enseignement), 2009, 26, pp.27-43. ⟨hal-00455272⟩
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