De toute évidence, les Zones Urbaines Sensibles sont des territoires particuliers. De là à considérer que les habitants des ZUS sont des citoyens "pas comme les autres", il n'y a qu'un pas, un peu trop vite franchi. Ainsi, en matière électorale, les résultats observés dans les bureaux de vote des ZUS peuvent donner à penser, du fait de leur spécificité par rapport aux moyennes nationales, que les citoyens des ZUS sont des électeurs atypiques. Comme la présente étude tend à le montrer, une telle interprétation ne résiste pas à l'analyse. Cette étude porte sur l'élection présidentielle de 2002. Les résultats électoraux ont été collectés pour un échantillon de 210 ZUS métropolitaines. L'analyse descriptive de cet échantillon montre qu'il existe bel et bien "un vote ZUS". Le vote des ZUS présente en effet des caractéristiques spécifiques, tant par rapport aux moyennes nationales que relativement au reste de leurs communes d'appartenance. Dans le but de cerner les déterminants possibles des comportements électoraux observés dans les ZUS, nous commençons par examiner les correspondances existant entre ces comportements et les caractéristiques démographiques et socioéconomiques des ZUS. Cette analyse (ACP), qui reste descriptive, permet cependant de dégager des intuitions quant aux caractéristiques pertinentes pour l'explication des comportements électoraux dans les ZUS. Pour identifier les facteurs qui sont réellement explicatifs, nous procédons alors à une analyse économétrique dont nous confrontons les résultats à ceux généralement obtenus par les études du comportement électoral. Il en ressort que les facteurs qui sont à l'œuvre dans les choix électoraux des habitants des ZUS sont tout à fait classiques. Ainsi, si le comportement électoral des habitants des ZUS est spécifique dans ses manifestations, il ne l'est pas dans ses déterminants. Autrement dit, les habitants des ZUS ne sont pas des électeurs atypiques.