Rappel des enjeux et objectifs Si l'on compte les femmes, les personnes d'origine étrangère, les homosexuels, les personnes âgées, et les handicapés, plus de 80 % des personnes vivant en France font partie de groupes qui sont parfois victimes d'actes discriminatoires. Cette discrimination n'est pas seulement inacceptable d'un point de vue éthique, elle affecte aussi le développement intellectuel et économique de la France, dans la mesure où elle diminue les chances des membres de groupes discriminés d'atteindre des postes de responsabilité. L'objectif général de notre projet est d'examiner pourquoi les groupes peu puissants sont fréquemment la cible de préjugés et de stéréotypes. En collaboration avec des sociologues et des anthropologues, notre but est de comprendre les processus psychologiques impliqués dans les relations entre groupes dominants et groupes dominés. Il semble exister dans la littérature des résultats contradictoires dans les recherches récentes sur les groupes n'ayant pas le même degré de pouvoir. Alors que certains travaux arrivent à la conclusion que les membres de groupes puissants sont plus biaisés que les membres de groupes peu puissants (Lorenzi-Cioldi, 1998 ; Sedikides, 1997), d'autres travaux ne mettent pas en évidence cette asymétrie de biais (Brauer, 2001 ; Brauer et al., 2000 ; Brauer et al., sous presse ; Chambres & Marescaux, 1998; Chambon, 1998). Pour expliquer ces résultats, en apparence contradictoires, l'explication la plus probable semble la suivante : les groupes puissants sont « objectivement » plus hétérogènes que les groupes sans pouvoir. Cette différence est perçue de manière relativement exacte par tous les individus, aussi bien ceux appartenant aux groupes à pouvoir élevé que ceux appartenant aux groupes à pouvoir faible. Par conséquent, il y aurait une différence entre groupes puissants et non puissants, mais cette différence ne serait pas liée à un biais de la personne qui perçoit cette différence (certains individus sont plus biaisés que d'autres) mais elle reposerait sur les caractéristiques réelles des personnes cibles (certains groupes sont réellement plus homogènes que d'autres). L'objectif du projet scientifique décrit ici est de tester l'hypothèse selon laquelle les groupes puissants sont « objectivement » plus hétérogènes que les groupes sans pouvoir.