Le lancement des satellites radar Sentinel-1A et 1B en avril 2014 et 2016 offre de nouvelles perspectives d’utilisation des images radar à synthèse d’ouverture (SAR), notamment pour le suivi des petits déplacements par interférométrie (InSAR). La stratégie d’acquisition systématique et le libre accès aux données Sentinel permettent d’envisager leur utilisation pour des applications qui étaient jusque-là restreintes par les limites spatiales et temporelles des précédentes générations de satellites radar (couverture limitée, coût important). L’objectif de la thèse est de déterminer les potentiels et limites d’utilisation des images Sentinel-1 et d’adapter les méthodes d’interférométrie radar en fonction des particularités de ces nouvelles données afin de mesurer les déformations de surface dans les contextes de la surveillance des territoires de montagne et du suivi des grands chantiers. Le suivi des déformations de surface représente un effort important dans la gestion des territoires de montagne, notamment pour améliorer la compréhension des phénomènes géophysiques qui les impactent. Parmi les différentes opportunités offertes par le temps de revisite réduit de la constellation Sentinel-1, le suivi des glaciers et des zones récemment désenglacées soulève un grand intérêt pour la communauté scientifique. Des premiers travaux ont été engagés dans cette thèse sur le cas particulier des glaciers de la vallée de Chamonix. Malgré l’identification de conditions favorables à l’application de l’InSAR, ces résultats ont montré que les limites de l’interférométrie étaient atteintes pour ces objets affectés par une décorrelation rapide. En revanche, le maintien de la cohérence à proximité de ces glaciers, dans le milieu périglaciaire, au cours des périodes dépourvues de neige permet d’envisager un suivi des instabilités. Le suivi de ce milieu potentiellement à risque a été examiné en ayant recours à l’usage de coins réflecteurs et à des méthodes multi-temporelles adaptées. Ces travaux ont permis de définir leur capacité d’utilisation avec les images Sentinel-1 dans un contexte de suivi de déplacements en territoire de montagne. Les grands travaux tels que la réalisation de tunnel en milieu urbain font l’objet de suivis précis, en particulier lorsque ces derniers sont réalisés dans des zones critiques densément construites. Malgré l’amélioration des techniques employées, certaines interventions géotechniques effectuées au cours de projets comme celui du Grand Paris peuvent engendrer des déformations en surface. Les méthodes traditionnelles d’auscultation terrestre apportent une solution de suivi en temps réel mais souffrent d’une couverture spatiale réduite. Le cofinancement de la thèse par des acteurs de la topographie de précision a offert la possibilité d’appliquer les méthodes d’InSAR à un niveau opérationnel. Les mesures réalisées à partir des données Sentinel-1 ont pu être comparées à des mesures terrestres, permettant d’estimer la précision de la mesure de vitesses de déplacement en milieu urbain. Ces travaux ont permis de valider les possibilités offertes par les données Sentinel-1 pour suivre à grande échelle et de façon régulière des phénomènes transitoires liés aux travaux souterrains.