Encouragé par divers collègues chercheurs à poursuivre dans la voie de l'habilitation à diriger des recherches, c'est en Éric Villagordo que j'ai trouvé l'enseignant-chercheur susceptible de se porter garant de mon travail. Il a reconnu et accepté la spécificité de mon appartenance multiple, interconnectée aux sciences humaines et sociales, aux arts plastiques, à l'enseignement supérieur agricole et, partant, à l'éducation socio-culturelle –qui, bien plus qu'une discipline d'enseignement, est un dispositif éducatif. Ce volume d'égohistoire (plutôt que de synthèse) prend ainsi largement appui sur mon identité d'enseignant – puis formateur d'enseignants – en éducation socio-culturelle, tout autant que sur mon inscription initiale dans le domaine des arts plastiques. C'est que le positionnement historique et encore actuel de mes thématiques de recherche est tout aussi indissociable de mon investissement dans ce champ de l'éducation qu'il l'est des sphères des arts et des sciences humaines et sociales. Je puis dire que comme artiste-chercheur, je pense et j'agis indissolublement en plasticien et en socio-anthropologue, mais sans jamais me départir de mon identité d'enseignant-formateur. Il m'a fallu donner sens à ce positionnement pour mieux le justifier comme porteur de perspectives de recherches futures. J'ai ainsi pu retrouver dans une abondance de pratiques et de productions, une signification et une cohérence globales de l'action menée, et en son sein déterminer des îlots de rationalité afin de structurer les volumes de ce mémoire, dont on trouvera ici seulement le volume 1, la majorité des documents colletés dans le volume 2 étant accessibles par ailleurs, sur des sites internet scientifiques ou chez mon éditeur. Près de cent quatre-vingts pages de texte – si l'on ne compte ni la quarantaine d'illustrations incluses, occupant l'équivalent de vingt pages pleines, ni la bibliographie – composent le corps de ce volume d'égohistoire. Si l'on considère que cela fait dix-sept ans que j'ai soutenu ma thèse de doctorat en arts, ayant en parallèle une plus longue carrière de plasticien, artiste-chercheur, la longueur de mon parcours et l'abondance de mes productions ne pouvaient être contenues dans un volume éditorial trop contraint. La structuration du présent mémoire est donc la suivante. Le premier volume est articulé en quatre parties : 1. Pour situer l'antériorité et le contexte dans lesquels s'est construit mon positionnement d'artiste-chercheur, cette égohistoire débute par la relecture d'expériences plasticiennes fondatrices et vectrices de dynamiques de recherche, en dressant le portrait d'un chercheur en arts aux prises depuis vingt-cinq ans avec des démarches relevant des sciences humaines et sociales : c'est une histoire de vie autant que de recherche, dans laquelle la fréquentation du monde agricole tient une part décisive, avant une ouverture de mes terrains à des pratiques de loisirs et à des enjeux d'appartenance. Cela nous mènera à des réflexions sur l'acte d'enquêter et de documenter des faits sociaux en artiste-chercheur. 2. Puis je questionnerai les principes selon lesquels j'aborde les sciences humaines et sociales dans une visée transdisciplinarité nourrie aux arts plastiques. Je poserai alors des critères d'analyse de mes expériences de terrains et de mes postures, en artiste-chercheur revendiquant une légitimité socio-anthropologique. 3. Par la suite, je ferai état des enjeux par lesquels s'entretoisent approches des arts et recherche, dans l'Enseignement agricole. Partant du fait artistique comme expérience transverse, cette partie abordera successivement des dispositifs de résidences d'artistes, des modalités de formation des enseignants, et l'interconnexion des missions de l'Enseignement agricole à travers celle d'animation et développement des territoires. 4. Enfin, et avant de conclure, je ferai état de projets et de pistes de développement de mes axes de travail, en vue de diriger des recherches. La formation aux arts de non-spécialistes et l'exploration des enjeux associés aux dispositifs de résidences d'artistes y seront évoquées comme mes pistes actuelles principales. Il ne faudra pas d'étonner de devoir repasser parfois par des expériences de recherche-création déjà évoquées quelques sous-parties plus haut, puisque nous les soumettrons à un questionnement itératif, en faisant varier les angles de présentation et d'analyse. Alors que la recherche s'effectue aujourd'hui en un monde incertain, soumettre les travaux de l'artiste-chercheur à un schéma cyclique d'explicitations croisées permettra d'en éprouver la validité.