« En Février 2016, le troisième rapport sur la « Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2013 » révèle une amélioration de la survie à 5 ans pour la plupart des cancers. Cette augmentation réside à la fois dans des diagnostics de plus en plus précoces et des thérapeutiques de plus en plus performantes. Ces avancées ont modifié le paradigme du cancer, soit guéri par la chirurgie soit mortel, qui est devenu dépassé car le cancer est devenue une maladie chronique qui nécessite un accompagnement pluriprofessionnel et pluridisciplinaire. Parallèlement, les patients atteints d’un cancer ont de plus en plus recours aux médecines alternatives et complémentaires MAC pour traiter leur cancer, pour prévenir voire diminuer les effets secondaires de la maladie et des traitements et arriver en soutien à leur bien-être physique et psychologique. À partir de 2004 le premier Plan Cancer a établi l’accès aux soins de support définis comme « l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades atteintes de maladies graves potentiellement mortelles, tout au long de la maladie, conjointement aux traitements spécifiques, lorsqu’il y en a ». Toutefois, pour la majorité des MAC peu voire aucune preuve scientifique n’est disponible à ce jour, sans oublier le fait qu’elles puissent être plus néfastes que bénéfiques aux patients. Au Centre de Coordination en Cancérologie de l’Hôpital Lyon Sud (Hospices Civils de Lyon), pour répondre aux attentes des patients, des séances de réflexologie plantaire leur sont désormais proposées conjointement à leurs traitements conventionnels. Ce travail de thèse avait trois objectifs : i) faire un état de l’art des preuves scientifiques apportées par des essais cliniques randomisés (ECR) des MAC dans le cadre du cancer, ii) s’assurer que la réflexologie plantaire n’interfère pas avec les pratiques professionnelles, iii) évaluer les bénéfices de la réflexologie plantaire auprès de patients sous chimiothérapie en particulier les nausées/vomissements chimio-induits. Tout d’abord, la revue de la littérature montre que l’évaluation des MAC à l’aide d’ECR au niveau mondial est rare et est essentiellement menés par les États-Unis et la Chine. Ces études concernent principalement l’acupuncture, le yoga et les herbes chinoises avec des bénéfices significatifs au niveau de la qualité de vie globale, fatigue, douleur et anxiété. Enfin, l’évaluation de leur innocuité fait souvent défaut dans ces études. Ensuite, l’enquête réalisée auprès des professionnels de santé de l’hôpital suggère que la réflexologie plantaire délivrée lors des soins conventionnels n’interfère pas avec leur pratique et que ces derniers perçoivent de réels bénéfices pour leurs patients. Enfin les résultats de notre étude prospective contrôlée randomisée montrent une diminution significative des nausées aiguës. Nous observons également une tendance à une diminution des nausées retardées, conjointement à une diminution significative de la consommation des médicaments antiémétiques entre chaque cure de chimiothérapie. Aucun événement indésirable n’a été constaté dans cet ECR. En conclusion, les résultats de ce travail de thèse ont montré que la réflexologie plantaire, accueillie très favorablement par les professionnels de santé, semble être un complément prometteur aux médicaments antiémétiques. Cette thèse ouvre des perspectives de recherches des MAC avec des enjeux de santé publics majeurs : fournir aux professionnels de santé des données scientifiques rigoureuses, évaluer l’innocuité des MAC et améliorer la communication entre les professionnels de santé et les patients à propos des MAC.