Les services d’urgences hospitaliers, voyant le nombre de leurs patients croître continuellement depuis les années 90, ont attiré l’attention de plus en plus grande des autorités publiques et des médias. Ces services jouent un rôle central d’interface entre la médecine de ville et l’hôpital, en se trouvant au croisement d’enjeux économiques, sociaux et politiques importants, à fort impact sur leur environnement et cela dans les deux pays où cette recherche a été menée : en France et en Iran. Partant du constat que les urgences étaient des lieux de soins, mais aussi de tensions, de conflits, de violences, cette recherche s’est focalisée, dans les trois services visités, sur ce qu’étaient, en leur sein, les rapports sociaux et les interactions. Dans une première partie, un bref schéma est présenté de l’histoire de l’émergence et de l’évolution du système hospitalier public moderne, son organisation et son institution, dans les deux pays à la fois héritiers des valeurs et de la symbolique de la charité religieuse, et confrontés aujourd’hui aux enjeux de santé publique. En seconde partie, cette thèse analyse la forme et la dynamique de l’action organisée de ces trois lieux, tenté de dégager des schémas de leur système d’action concret, esquissé les modes de régulation des actions collectives qui s’y reproduisent. À cette approche résolument organisationnelle, il est ajouté le souci consistant à accorder un intérêt particulier pour la question des institutions publiques qui voit le pouvoir politique prendre en charge la mise en forme des rapports sociaux, en jouant un rôle d’instance sociale historique. Cette recherche s’appuie sur les observations et les entretiens menés avec le personnel des trois services d’urgences hospitalier, afin de montrer que la pluralité des dimensions institutionnelles impacte fortement les possibilités de déploiement stratégique des acteurs, mais que, néanmoins, les stratégies locales façonnent fortement chacun des systèmes d’action étudié.