The "dirty work" of integration. Labor and racism in the volunteer programs for asylum seekers in Italy
Le "sale boulot" de l'intégration. Travail et racisme dans les programmes de bénévolat pour personnes demandeuses d'asile en Italie
Résumé
The mechanisms of exclusion and expulsion of "undesirable" foreigners are the most visible and mediatized aspect of European migration policies. However, they are not their only component. Strategies are also developed by public authorities, to promote the integration of migrants in the society of settlement. Integration, planned in this way, often appears as a form of subordinate, inferiorizing and conditional inclusion. Subject to criteria of merit, expediency and performance, integration processes reveal the subaltern position assigned to certain groups of migrants, while actively contributing to their "maintenance in a regime of difference". This thesis aims to study a specific integration policy: the volunteer programs for asylum seekers, programs that have been spreading in Italy since 2014. The prescribed volunteer activities mainly concern street cleaning and the upkeep of green spaces. These activities are conceived as an instrument to fight against the "inactivity" of foreigners hosted in shelters, and to improve their stigmatized image among the Italian population. At the intersection of several fields (sociology of work, sociology of migration and racism) and based on an ethnographic survey carried out in several cities of the peninsula, this thesis explores the connections between the voluntary commitment of asylum seekers, and their precarious condition as minorities, manufactured by migration policies and racist social relations. The thesis also focuses on the concrete implementation of volunteer programs - looking at the dynamics of division and visibility of work - as well as on the interactions between the different actors involved. Finally, it analyzes the subjective relations that migrants have to unpaid activities, as well as the multiple uses and resistances they develop in order to cope with the injunction to volunteer work.
Les dispositifs d'exclusion et d'expulsion des personnes étrangères « indésirables » composent le volet le plus visible et médiatisé des politiques migratoires européennes. Pourtant elles n'en sont pas leur unique composante. Sont également élaborées par les pouvoirs publics des stratégies afin de promouvoir l'intégration des migrant.e.s dans la société d'installation. L'intégration ainsi planifiée apparaît bien souvent comme une forme d'inclusion subordonnée, infériorisante et sous conditions. Soumise à des critères de mérite, d'utilité et de performance, elle révèle la place subalterne assignée à certains groupes d'immigré.e.s, tout en contribuant activement au « maintien dans la différence » de ceux-ci. Cette thèse a pour objet d'étude une politique d'intégration spécifique : les programmes de bénévolat pour demandeurs et demandeuses d'asile qui se sont diffusés en Italie depuis 2014. Les activités bénévoles prescrites concernent principalement des tâches de nettoyage des rues et d'entretien des espaces verts. Elles sont conçues comme un instrument pour lutter contre l'« inactivité » des étrangers et étrangères accueilli.e.s dans les centres d'hébergement, et pour améliorer leur image stigmatisée auprès de la population italienne majoritaire. Au croisement de plusieurs champs (sociologie du travail, sociologie des migrations et du racisme) et en s'appuyant sur une enquête ethnographique réalisée dans plusieurs villes de la péninsule, cette thèse explore les liens entre l'engagement bénévole des demandeurs et demandeuses d'asile, leur condition précaire et minoritaire, fabriquée par les politiques migratoires et par les rapports sociaux racistes. Elle s'intéresse également à la mise en oeuvre concrète des programmes de bénévolat, en se penchant sur les dynamiques de division et de visibilisation du travail, mais aussi sur les interactions entre les différent.e.s acteurs et actrices impliqué.e.s. Elle analyse enfin les relations subjectives que les migrant.e.s entretiennent avec les activités gratuites ainsi que les usages pluriels et les résistances qu'ils et elles développent pour faire face à l'injonction au bénévolat.