Territory, Decentralization and Domocracy
Territoire, Décentralisation et Domocratie
Résumé
In addition to the presentation of the author's career and the compilation of some essential articles, this Habilitation to Direct Research (HDR) thesis defended in November 2022 at the University of Lyon 2, makes an active synthesis of 30 years of research on decentralization, and projects itself into the future by bringing out new issues and proposing new concepts allowing a better understanding of territorial law in France but also in a comparative approach. Thus recalling that every State is unitary, including federal States, by nature and by the uniqueness of the national constitution, but also that every State is decentralized by legal and practical necessity, it is proposed to clarify and rethink decentralization to based on the skills recognized by sub-state authorities. A distinction must therefore be made between constitutional decentralization (federalism), legislative (regionalism) and administrative ("unitarianism") one, varying moreover on a "scale of decentralization" involving other criteria to identify the territorial system analyzed (mode of designation of authorities local, normative, financial, technical, human capacities, scope of skills, freedom of use of skills, nature of the control weighing on them, etc.).
But if decentralization remains a neutral system of distribution of skills, marked however by the complex Center-Periphery relations and the tendency of any central power to strengthen itself to fight against territorial entropy, it must be oriented from the outside to take a special meaning. It is then proposed to identify "domocracy" (the power of the inhabitants, from the Latin "domus", residence) as the driving force of territorial reforms in France, consecrating the legitimacy of "local societies", which coexist with the national society, to be recognized in decision-making systems. This domocracy strengthens the weight of local authorities vis-à-vis the State but relies above all on the local population, involving nationals and non-nationals, as the basis of local powers to manage the local general interest. The internal organization of local authorities must then be rethought to make them not simple efficient administrations under control of the center but real bodies of management of the populations coordinating the different local actors.
Outre la présentation de la carrière de l'auteur et la compilation de quelques articles essentiels, ce mémoire d'Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) soutenu le novembre 2022 à l'université de Lyon 2, fait une synthèse active de 30 ans de recherches sur la décentralisation, et se projette dans l'avenir en faisant émerger des problématiques nouvelles et proposant de nouveaux concepts permettant de mieux saisir le droit du territoire en France mais aussi dans une approche comparative. Ainsi rappelant que tout Etat est unitaire, y compris les Etats fédéraux, par nature et de par l'unicité de la constitution nationale, mais également que tout Etat est décentralisé par nécessité juridique et pratique, il est proposé de clarifier et repenser la décentralisation à partir des compétences qui sont reconnues aux autorités infra-étatique. Sont ainsi à distinguer décentralisation constitutionnelle (fédéralisme), législative (régionalisme) et administrative ("unitarisme"), variant par ailleurs dans une "échelle de décentralisation" faisant intervenir d'autres critères pour identifier le système territorial analysé (mode de désignation des autorités locales, capacités normatives, financières, techniques, humaines, étendue des compétences, liberté d'usage des compétences, nature du contrôle qui pèse sur elles, etc.).
Mais si la décentralisation reste un système neutre de répartition des compétences, marquée cependant par les relations complexes Centre-Périphérie et la tendance de tout pouvoir central à se renforcer pour lutter contre l'entropie territoriale, elle doit être orientée de l'extérieur pour prendre une signification particulière. Il est alors proposé d'identifier la "domocratie" (le pouvoir des habitants, du latin "domus", résidence) comme moteur des réformes territoriales en France, consacrant la légitimité des "sociétés locales" qui coexistent avec la société nationale, à être reconnues dans les systèmes décisionnels. Cette domocratie renforce le poids des collectivités territoriales face à l'Etat mais repose avant tout sur la population locale, impliquant nationaux et non nationaux, comme fondement des pouvoirs locaux à gérer l'intérêt général local. L'organisation interne des collectivités territoriales doit alors être repensée pour en faire non pas de simples administrations efficaces sous contrôle du centre mais de véritables organes de direction des populations coordonnant les différents acteurs du local.
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