The Technological State : Rationalisation and institutionalisation of a bureaucratic jurisdiction : the « innovation » (1963-2003)
L'Etat technologique : Rationalisations et institutionnalisation d'un territoire bureaucratique : l'innovation (1963-2003)
Résumé
"Since the early 1960s, French governments have promoted innovation policies. The study of the construction of this policy field sheds light on the fact that the emergence of these state capacities the result of struggles at the top of the state between the 1960s and the beginning of the 2000s. Combining sociological approaches of policy tools, public administrations and in a socio-historical perspective, we explore the drivers of institutional change. To do so, we are interested in the activities of “reformers”, i.e. civil servants, actors from the world of business, politicians or experts who, within or at the Research and Industry administrations between 1963 and 2003, transformed the rules, norms and organisational principles that structured technological policy in France since 1945. By shedding light on these transformations, we contribute empirically to an analysis of the interdependencies between the state and capitalism in France. It appears that innovation is a tool of power at two levels. First, it renews economic interventionism and naturalizes certain scientific and industrial practices regarding an economic order presented as self-evident. Then, it is an instrument of power for some civil servants, the “generalists”, contributing step by step to the decline of the “technical state”."
"Le Crédit d’impôt recherche, les pôles de compétitivité, les structures de valorisation de la recherche ou de transfert de technologie sont autant d’instruments au travers desquels les pouvoirs publics se proposent de « soutenir l’innovation ». Cette thèse cherche à comprendre comment et pourquoi « l’innovation » est devenue un problème d’État et un enjeu d’action des pouvoirs publics. À rebours des discours qui envisagent l’émergence de ces politiques publiques comme la conséquence mécanique des transformations des systèmes économiques ou scientifiques, celles-ci apparaissent plutôt comme le produit de luttes et concurrences au sommet de l’État entre le début des années 1960 et le début des années 2000. Cette thèse porte sur ces concurrences. Alliant sociologie des instruments de gouvernement, sociologie des institutions et sociologie des administrations, nous explorons les ressorts du changement dans l’action publique. Pour cela, nous nous intéressons aux activités de réformateurs, c’est-à-dire de hauts fonctionnaires, d’acteurs du monde patronal, de professionnels de la politique ou d’experts patentés qui, au sein ou auprès des administrations de la Recherche et de l’Industrie entre 1963 et 2003 ont transformé les règles, les normes et principes organisationnels qui structuraient la politique technologique en France depuis 1945. En éclairant ces transformations, nous contribuons empiriquement à une analyse des interdépendances entre l’État et le capitalisme en France. Il apparaît que l’innovation est un instrument de pouvoir à deux niveaux. D’abord, de l’appareil administratif sur l’espace économique. La politique d’innovation naturalise certaines pratiques scientifiques et industrielles au regard d’un ordre économique présenté comme allant de soi. Ensuite, elle est un instrument de pouvoir des hauts fonctionnaires généralistes à l’intérieur de l’État, contribuant pas à pas au dépérissement de l’État technique."