Depuis les années 2010, divers acteurs – économiques, instances gouvernementales, société civile – prônent une transition vers une économie circulaire (TVEC) en réponse aux déséquilibres sociétaux et à leurs enjeux respectifs. Ils rencontrent des défis de management, tous liés à la coopération, particulièrement présents pour la transition vers une société circulaire (TVSC), plus radicale. Une première revue de littérature sur l’action collective de TVEC, montre notamment l’enjeu crucial de coopération et le manque d’intérêt des revues scientifiques de gestion. Elle conduit à poser la TVSC comme problématique d’organisation de l’action collective, à différents niveaux de territoire. Une seconde revue de littérature, élargie à des revues interdisciplinaires et aux théories de l’action collective, développe un cadre conceptuel autour de trois théories : le changement institutionnel (Greenwood et al., 2002) pour étudier le défi d’institutionnalisation du concept, au niveau macro ; l’auto-organisation intégrative Follettienne (Stout & Love, 2016), pour le défi d’émergence de dynamiques de citoyens-acteurs, au niveau micro ; et la gouvernance de transition (Loorbach, 2017), pour le défi de gouvernance de transition sociétale, au niveau méso. Une recherche-accompagnement est menée par l’étude longitudinale, de 2015 à 2019, du cas unique imbriqué de la France, caractérisée par son approche territoriale. Selon ma posture subjective de constructivisme radical, et critique d’une gestion chrématistique, je participe avec retenue pour limiter mon impact, positionnée en miroir pour accompagner les acteurs. L’attention flottante permet de collecter un matériau divers, abondant, d’où émergent des faits saillants. Ils sont traités par analyses textuelles et mises en perspectives variées et abductives. Chaque défi étudie un niveau du cas, par un essai de cette thèse sur essais. Le premier essai étudie l’institutionnalisation de l’EC, il réalise une analyse en profondeur, linguistique, sémantique et contextualisée (Seignour, 2011) d’un corpus de 20 textes représentatifs du discours français au niveau national de 2008 et 2017. Il montre que le dispositif français de TVEC indique une EC en cours de théorisation, mobilisant un large panel d’acteurs et contribuant à un processus de changement sociétal de prise en compte de l’impact de l’activité économique sur la nature. Le second essai étudie, au niveau micro, l’émergence de dynamiques de citoyens-acteurs de TVSC, il développe une recherche-accompagnement sur un projet de TVSC par un collectif auto-organisé de citoyens-acteurs. Il met en lumière une dynamique émergeant de besoins de coopérer à des niveaux de plus en plus complexes, pour mettre en cohérence des pratiques avec des valeurs, et la co-conception d’un projet de TVSC, résultant d’un processus par boucles d’auto-organisation intégrative. Enfin, un troisième essai étudie, en recherche-accompagnement, au niveau méso, les défis de gouvernance de la TVEC d’un territoire, par une instance gouvernementale. Il montre une instance gouvernementale relevant ces défis, en devenant animatrice de réseau auto-organisé, mais en conservant responsabilité et pouvoir, et sans coconstruire avec les initiatives de citoyens-acteurs. Ces résultats convergent vers un rôle essentiel de l’auto-organisation face aux défis d’organisation de la TVEC, qui, de fait, devient TVSC pour adapter la société à l’auto-organisation. Ils ouvrent des pistes de recherche : vers une EC objet-frontière de transition entre acteurs divers, avec la théorie de l’acteur réseau (ANT) ; un rôle central du chercheur dans une transition par l’éco-management (Avenier, 1993, 2016) ; une mobilisation intégrative de TVSC autour de valeurs sociétales avec la théorie Follettienne revisitant l’ANT ; une expérimentation de gouvernance de TVSC avec le schéma en X (Hebinck et al., 2022) et diverses théories, comme celle d’Ostrom pour construire les lois et de Follett pour l’émergence des dynamiques.