L’épidémiologie et la modélisation mathématique constituent deux types d’outils pour la quantification des risques sanitaires. Ces deux approches se distinguent notamment en termes de rapport aux données, de niveau de preuve et d’horizons spatio-temporelles pour les estimations produites. Ce mémoire présente mes travaux de recherche récents et à venir, qui articulent les approches de l’épidémiologie et de la modélisation pour l’évaluation de stratégies de prévention en santé publique. Mes travaux de recherche récents ont largement porté sur l’évaluation de stratégies de prévention de maladies infectieuses en Afrique. Une partie de ces travaux a évalué les effets comportementaux et socio-économiques des programmes de prévention du VIH en Afrique subsaharienne. Ces travaux ont notamment permis une meilleure compréhension des dynamiques temporelles et spatiales dans les inégalités socio-économiques liées au recours à la prévention du VIH dans la région. Un autre volet de mes travaux a porté sur l’épidémiologie et la modélisation de la fièvre jaune en Afrique, ainsi que sur l’évaluation de stratégies de prévention vaccinale. En développant un modèle intégrant des données de natures variées (démographiques, environnementales, sérologiques, vaccinales), j’ai produit des estimations du fardeau de la maladie au sein de l’ensemble de la région africaine endémique ou à risque pour la maladie, et j’ai pu évaluer l’impact de stratégies vaccinales passées et futures. Enfin, une troisième partie de ces travaux, en cours de développement, porte sur la circulation d’agents infectieux dans les milieux de soins, en particulier le virus de l’hépatite C et le SRAS-CoV-2 au sein des hôpitaux égyptiens. Cet axe vise notamment à évaluer et à modéliser la circulation de ces pathogènes au sein des hôpitaux, ou à l’interface entre hôpitaux et communauté, afin de proposer et d’évaluer différentes stratégies de contrôle. Au-delà de la prolongation de mes travaux récents, mes projets en perspective tendent à élargir cette articulation d’approches à des problématiques non infectieuses, en particulier aux pathologies d’origine professionnelle et aux co-bénéfices sanitaires de politiques d’atténuation du réchauffement climatique. Dans un premier axe, je vise à étudier la faisabilité et la pertinence de l’adaptation de différentes approches de modélisation des maladies infectieuses au champ des troubles musculo-squelettiques, dans l’optique d’obtenir des projections du fardeau lié à ces troubles à l’horizon 2040. Enfin, un dernier axe de mes travaux à venir vise à évaluer les implications en santé publique de différents scénarios de transition énergétique. En reposant sur l’approche de l’évaluation quantitative d’impact sanitaire, cet axe vise à quantifier les co-bénéfices attendus, en termes de mortalité et de morbidité évitées, aux évolutions de différents secteurs dans le sens d’une réduction des émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, nous évaluerons les bénéfices liés à l’augmentation de l’activité physique en lien avec l’essor des transports actifs, ainsi que ceux liés à l’amélioration de la qualité de l’air du fait de l’évolution des émissions de polluants liés aux transports, à l’industrie et à l’agriculture.