Die Evaluation erleben: Mikrophänomenologische Beiträge.
Vivre l'expérience de l'évaluation : contributions micro-phénoménologiques.
Résumé
This thesis is based on the sciences of education and training, and more particularly on the philosophy of education (Morandi, 2003; Mutuale & Berger, 2020; Reboul, 2020). After a state of the art on the different approaches to evaluation, this doctoral work aims at reporting on the lived experiences of evaluation practices by the evaluators themselves, as its dimensions remained to be developed. For this, I used a 'practical micro-phenomenology', inspired by the work of Depraz (2009, 2012), Depraz et al. (2011) and Vermersch (2012). The empirical investigation took place in the vocational training environment, in the animation sector between September 2018 and July 2021 during the COVID 19 pandemic. The experiences of four evaluators were thus collected: on the one hand, to describe the contents concerning the temporal unfolding (Vermersch, 2012) of each experience, as well as the examples (Depraz, 2009, 2012) given as such in the interviews; these elements were put in relation with evaluation sessions, observed in situ (eight observations were made). Secondly, I paid attention to the language of experience (Depraz, 2009, 2012; Janner-Raimondi, 2017; Riegel et al., 2016) to identify how this language clarified and nuanced the experience described and narrated by the subject. Finally, the "resonances" in the sense of Rosa (2018) were also examined about what I experience during this investigation. The main results show that an evaluative experience is an experience of perception(s) and intention(s) as much as an experience of actions. From the micro-phenomenological elements identified, it was possible to identify the importance of the subject's relationship to his or her space, to the subjects-alter-ego and to the objects present in situ. These components would characterise the evaluative fact. Then, the data collected made it possible, after analysis, to elaborate the thesis according to which: actions, perceptions and intentions are configured phenomenologically in the subject who pilots the evaluation according to at least two attentional dynamics, presented in the form of two phenomenological hypotheses. The first is that the evaluating subject inhabits (Heidegger, 1958) the evaluative fact in the sense that it is fleshed out and experienced in its own real and symbolic space. The second is the idea that it is the values of the subject (Scheler, 1955) who evaluates that shape the evaluative fact in its experience. This research leads in fine to pursue the project of a phenomenology of evaluation in the wake of Hadji's work (2021), consisting of a space of dia-logos: a place and a time where experiences, knowledge and exchanges are woven together for a humanistic purpose (Idem.), at a time when a technology of evaluation reigns largely. In this research, micro-phenomenology is as much a way of accessing lived experience in the first person as it is a method of analysis and a scientific posture that allows us to apprehend the evaluative act in the flesh, not without a link to empathic openness (Janner-Raimondi, 2017) thanks to the dialogical relations established. It thus allows access to sensitive data that has been little approached or considered until now, due to the prevailing technical dominance of evaluation.
Cette thèse s’inscrit dans les sciences de l’éducation et de la formation, et plus particulièrement en philosophie de l’éducation (Morandi, 2003 ; Mutuale & Berger, 2020 ; Reboul, 2020). Après un état de l’art sur les différentes approches de l’évaluation, ce travail doctoral vise à rendre compte des expériences vécues des pratiques d’évaluation par les évaluateurs eux-mêmes, car ses dimensions restaient à développer. Pour cela, j’ai eu recours à une « micro-phénoménologie pratique », inspirée des travaux de Depraz (2009, 2012), Depraz et al. (2011) et Vermersch (2012). L’enquête empirique s’est déroulée dans le milieu de la formation professionnelle, dans le secteur de l’animation entre septembre 2018 et juillet 2021 en plein contexte de pandémie de la COVID 19. Les vécus d’expériences de quatre évaluateurs ont ainsi été recueillis : d’une part, afin de décrire les contenus concernant les déroulements temporels (Vermersch, 2012) de chaque expérience, ainsi que les exemples (Depraz, 2009, 2012) donnés comme tels dans les entretiens ; ces éléments ont été mis en relation avec des séances d’évaluation, observées in situ (huit observations ont été réalisées). D’autre part, j’ai prêté attention au langage de l’éprouvé (Depraz, 2009, 2012 ; Janner-Raimondi, 2017 ; Riegel et al., 2016) afin de repérer comment ce langage venait préciser et nuancer l’expérience décrite et racontée par le sujet. Enfin, les « résonances » au sens de Rosa (2018) ont également été examinées au regard de ce dont moi-même je fais l’expérience lors de cette enquête. Les principaux résultats montrent qu’une expérience évaluative est un vécu de perception(s) et d’intention(s) autant qu’un vécu d’actions. À partir des éléments micro-phénoménologiques dégagés, il a été possible de repérer la prégnance de la relation du sujet à son espace, aux sujets-alter-ego et aux objets présents in situ. Ces composantes caractériseraient le fait évaluatif. Ensuite, les données recueillies ont permis, après analyse, d’élaborer la thèse selon laquelle : actions, perceptions et intentions se configurent phénoménologiquement chez le sujet qui pilote l’évaluation selon au moins deux dynamiques attentionnelles, présentées sous la forme de deux hypothèses phénoménologiques. La première consiste à poser que le sujet évaluateur habite (Heidegger, 1958) le fait évaluatif dans le sens de sa mise en chair et de son expérientialité dans un espace réel et symbolique propre. La seconde réside dans l’idée que ce sont les valeurs du sujet (Scheler, 1955) qui évalue qui façonnent le fait évaluatif dans son vécu. Cette recherche conduit in fine à poursuivre le projet d’une phénoménologie de l’évaluation dans le sillage des travaux de Hadji (2021), constituée d’un espace de dia-logos : un lieu et un temps où expériences, savoirs et échanges se tissent ensemble pour une visée humaniste (Idem.), à l’heure où une technologie de l’évaluation règne largement. Dans cette recherche, la micro-phénoménologie est autant une voie d’accès à l’expérience vécue en première personne, qu’une méthode d’analyse et une posture scientifique qui permet d’appréhender l’acte évaluatif en chair et en os non sans lien à l’ouverture empathique (Janner-Raimondi, 2017) grâce aux relations dialogiques établies. Elle permet ainsi d’accéder à des données sensibles peu abordées ou considérées jusque-là, en raison de la dominante technique de l’évaluation qui règne actuellement.
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