Palaeoenvironments and plant economy in arid habitats - archaeobotanical research in the Persian Gulf region and in Pakistani Makran (4th mill. BC-1st mill. AD)
Paléoenvironnements et économie végétale en milieu aride – recherches archéobotaniques dans la région du Golfe arabo-persique et dans le Makran pakistanais (4e mill. av. notre ère – 1er mill. de notre ère)
Résumé
The shores of the Persian Gulf and the Pakistani Makran are among the hottest and most arid regions in the world. In spite of these climatic conditions, which can be characterized as extreme, human occupations are present there at least from the middle of the Holocene. This work constitutes a first synthesis on a fundamental aspect of these ancient societies: the relationship between Man and the plant world. Vegetable remains (charcoal, charred seeds and fruits, imprints on raw bricks) from nine archaeological sites, located in the Gulf countries (Bahrain, United Arab Emirates, Oman) and in the Pakistani Makran, are identified and interpreted. The occupations studied range from the beginning of the 4th millennium BC to the 1st millennium AD. The simultaneous application of two complementary disciplines, anthracology (the study of charcoal) and carpology (the study of seeds and fruits), makes it possible to address both paleoecological and paleoethnobotanical issues concerning the plant environment, resource exploitation, cultivated plants, human and animal nutrition and agricultural systems. Based on the analysis of charcoal, a reconstruction of the paleoenvironments is proposed: thus, a wider distribution than the current one of certain plant formations is highlighted, particularly with regard to mangroves along the coasts of the Arabian Gulf, pseudo-savanna in the interior of the Oman Peninsula and the formation of riparian zones in the valleys of the Pakistani Makran. In the Persian Gulf region, agriculture was practiced according to an irrigated oasis system in which date palms protect cereal crops (dressed barley, bare wheat) and other low plants (coriander, sesame, alfalfa, cotton). Date palms are the most frequently attested cultivated plants: dates were probably a staple food for the populations of this region. On the other hand, in Pakistani Makran, agriculture is essentially cereal-based during the protohistoric period (4000-2000 BC). Bare barley and wheat dominate the archaeobotanical samples. In addition, there are legumes (lentils) and textile plants (flax). Some changes in the assemblage of cultivated plants take place during the sequence studied: the proportion of clothed barley increases at the expense of naked barley and new plants are introduced (sesame, vine, coriander, pea) at the end of the 3rd millennium. The cultivation of winter plants in Makran requires either water supply through irrigation or a more humid climate than the present one. The gathering of wild fruits such as Cordia sp., Grewia sp. and Nannorrhops ritchieana completes the human diet.
Les rives du Golfe arabo-persique et le Makran pakistanais font partie des régions les plus chaudes et arides du monde. En dépit de ces conditions climatiques, qu’on peut caractériser comme extrêmes, des occupations humaines y sont présentes au moins à partir du milieu de l’Holocène. Ce travail constitue une première synthèse sur un aspect fondamental de ces sociétés anciennes : la relation entre l’Homme et le monde végétal. Des restes végétaux (charbons de bois, graines et fruits carbonisés, empreintes sur briques crues) provenant de neuf sites archéologiques, situés dans les pays du Golfe (Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Oman) et dans le Makran pakistanais, sont identifiés et interprétés. Les occupations étudiées s’échelonnent du début du 4ème millénaire av. notre ère jusqu’au 1er millénaire de notre ère. L’application simultanée de deux disciplines complémentaires, l’anthracologie (l’étude des charbons de bois) et la carpologie (l’étude des graines et des fruits), permet d’aborder des problématiques à la fois paléoécologiques et paléoethnobotaniques, concernant le milieu végétal, l’exploitation des ressources, les plantes cultivées, l’alimentation humaine et animale et les systèmes agricoles. A partir de l’analyse des charbons de bois, une reconstitution des paléoenvironnements est proposée : ainsi, une distribution plus vaste que l’actuelle de certaines formations végétales est mise en évidence, notamment en ce qui concerne les mangroves le long des côtes du Golfe arabo-persique, la pseudo-savane à l’intérieur de la péninsule d’Oman et la formation de ripisylve dans les vallées du Makran pakistanais. Dans la région du Golfe arabo-persique, l’agriculture se pratiquait selon un système d’oasis irriguée dans lequel des palmiers-dattiers protègent des cultures de céréales (orge vêtue, blé nu) et d’autres plantes basses (coriandre, sésame, luzerne, coton). Les dattiers sont les plantes cultivées les plus fréquemment attestées : les dattes constituaient vraisemblablement un aliment de base des populations de cette région. En revanche, au Makran pakistanais, l’agriculture est essentiellement céréalière pendant la période protohistorique (4000-2000 av. notre ère). L’orge et le blé nu dominent les échantillons archéobotaniques. S’y ajoutent des Légumineuses (lentille) et des plantes textiles (lin). Certains changements dans l’assemblage des plantes cultivées ont lieu au cours de la séquence étudiée : la proportion d’orge vêtue augmente aux dépens de celle d’orge nue et de nouvelles plantes sont introduites (sésame, vigne, coriandre, petit pois) à la fin du 3ème millénaire. La culture de plantes d’hiver au Makran suppose, soit un apport en eau par irrigation, soit un climat plus humide que l’actuel. La cueillette de fruits sauvages tels Cordia sp., Grewia sp. et Nannorrhops ritchieana complète l’alimentation humaine.